Berlin- Roye : This is the End

Vous pensiez en avoir terminé avec nos histoires à coucher dehors ? Et bien figurez vous qu’on en a encore de belles à vous raconter. D’ailleurs j’en ai pour preuve la première nuit d’Alex après avoir quitté Berlin. 20 heures, rituel quotidien, Alex, heureux d’avoir retrouvé le beau temps et la campagne Allemande commence à monter sa tente avec la rapidité dont lui seul a le secret. Tout se passe dans la bonne humeur, bien évidement, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’un nouveau pensionnaire assez inattendu a élu domicile dans sa maison. Avait, devrais-je dire, puisque c’est sur une grosse limace morte en décomposition qu’il tombe en allant s’installer. L’odeur dégagée par le gastéropode est épouvantable et notre ami est obligé de dormir à la belle étoile, sur une bâche, à la merci de l’humidité et des moustiques. Nous retrouverons même le lendemain des empreintes de biche à 2 mètres de lui, laissées par une curieuse pendant la nuit. Vous voyez, je vous disais bien qu’il nous reste quelques histoires à coucher dehors à vous raconter ! 






Voila pour l’introduction, c’est toujours important de commencer par là, et c’est aussi un petit clin d’œil sympa à nos amis bacheliers qui se demandent encore comment ils vont bien pouvoir démarrer leur dissert de français. Nous, nous commençons par quitter Berlin le cœur fendu par les adieux à nos copains Felix Kelly et Bérénice  qui nous ont acceuilli dans une ambiance Do Brasil emprunte par l’athmosphère si particulière de la capitale allemande. Entre deux matchs de coupe du monde, une plongée au cœur de l’histoire de la chute du mur et de la vie nocturne berlinoise, nous coulons deux jours bien paisibles dans cette métropole qui voit naître toutes les dernières tendances à la mode qui envahissent l’Europe. Ici tout est ALTERNATIF, CONCEPTUEL, « tu peux pas comprendre mec, ici un kebab c’est pas un kebab », un hangar désaffecté et à moitié à l’abandon devient  le dernier bar en vogue, une piscine olympique en ruine ? Génial ! Ça ferait une super boite de nuit ! Rien ne se perd, tout se transforme, comme dirait l’autre. Comprenez que l’on ne manque pas d’imagination et d’inventivité dans ce bouillon culturel d’un genre à part. Berlin, on aime ou on n’aime pas, de toute évidence, on n’y reste pas indifférent. 

Le mur

Félix et son copain

Bérénice (à Gauche), ses copains, et ses copines


Nous, on y reste pas, tout simplement, et c’est bien triste, on commençait à s’y attacher. Nous partons pour 700 km de vélo en une semaine jusqu’à Amsterdam où nous attend Julian (entendez Ruliane, il est un des pauvres madrilènes qui ont vécu la déculotée infligée à l’Espagne 5-1 depuis les Pays Bas. Il est aussi l’ancien colloc de Jean, le frère de Vincent). Jusque-là nous ne sommes encore une fois pas épargnés par la pluie qui continue régulièrement de nous casser le moral, et les ***** (cacahuètes ça passe ?), soyons honnêtes. Promis je ne vais pas vous embêter avec des descriptions de paysages, vous savez bien à quoi ressemble un champ de patates (en fleur à cette époque) ou un coquelicot. Par contre je peux vous dire qu’en cette saison  les Cigognes reviennent d’Afrique pour envahir l’Europe Centrale et retrouver leur vraie maison. Sauf qu’elles sont moins bêtes que nous et ne se sont pas emmerdé à traverser les Andes et l’Asie entre temps. Je peux vous dire aussi un mot sur les routes. L’Allemande, comme la Polonaise, est toujours aussi plate qu’une planche de surf, pas la moindre courbe à se mettre sous la dent. C’est aussi le cas de la Hollandaise, quoique plus séduisante et accueillante par ses innombrables pistes cyclables. La Belge, on en sait trop rien, elle a ses adeptes, et la Française, on s’en souvient plus bien, mais on la sait belle et élégante, et elle nous manque ! 

Un aquariophile et un pêcheur s'entendent forcément à merveille


Les fameux canaux hollandais




Sur ces  routes plus ou moins sexy donc, (oui le cyclotouriste manque d’affection et de feminité, alors il essaie d’en mettre là où il peut) nous continuons nos rencontres et encore une fois nous nous persuadons de la nature aimable de la plupart des habitants de cette Terre. Un matin, une allemande nous apporte un plateau avec trois cafés au pied des tentes, un autre nous fait rentrer chez lui et nous offre des bières devant un match de la  National Manschaft. Nous atterrissons ensuite chez Günter et sa femme qui nous sortent le grand jeu et un petit déjeuner à n’en plus finir à quelques kilomètres de Hannovre. Et puis Günter a une passion bien particulière. Il est aquariophile, et des plus érudits ! Il nous emmène dans son antre, une salle entièrement remplie d’aquariums où il élève des plantes aquatiques et poissons du monde entier. Il nous avoue que c’est bien souvent une de ses motivations pour voyager. Nous faisons également la rencontre de Dietma, Julia et leur fille Lin, dans la petite ville de Melle, proche d’Oznabrück, pour ceux qui connaîtraient la Basse Saxe. La petite famille revient d’un voyage à vélo en Nouvelle Zélande et sait évidemment recevoir trois cyclistes trempés par la pluie après une longue nouvelle étape de 110 km. Nous avons droit à une douche chaude, du café, et un barbecue Allemand si copieux qu’il nous oblige à employer notre meilleur élément dans le domaine, à savoir Alex, pour en venir à bout. Le lendemain c’est l’heure du match de l’équipe de France contre le Nigeria. Nous ne nous étendrons pas plus sur cette victoire et sur notre joie éphémère alors que l’on connait déjà le sort qui leur a été réservé par la suite. D’autant que nous assistons à ce match dans un bar Allemand.. Notons toutefois qu’ensuite notre serveur nous a offert un shot de Schnaps après chaque but de l’Allemagne contre l’Algérie ! Ah qu’est ce qu’ils étaient sympas les Allemands avant d’éliminer les Bleus ! 

Ce bon vieux Günter et sa femme, les plus vieux couchsurfers du monde, so cool!

La famille parfaite





Nous passons bien vite la frontière hollandaise et entrons dans cet incroyable réseau de pistes cyclables que nous ne quitterons qu’à notre arrivée en Belgique. Nous traversons le Pays sans avoir à rouler un seul kilomètre en compagnie des voitures. Ici tout est fait pour les cyclistes et ces derniers ont la priorité à chaque rond point, gare à celui qui en renversera un. L’Etat hollandais a même installé sur le bord des pistes des poubelles géantes inclinées de sorte que les usagers puissent jeter leurs déchets sans avoir à descendre de vélo. Puis arrivés à Amsterdam, le flot de vélos rend les pistes cyclables  plus dangereuses et embouteillées que les routes ! C’est vous dire si nous passons inaperçus. Après avoir traversé une série interminable de ponts dans cette toile d’araignée de canaux qui donnent à la ville des airs d’une Venise du Nord, nous rejoignons Julian à son bureau. Nous nous rendons vite compte qu’il travaille dans un bureau un peu spécial lorsqu’il nous fait visiter son lieu de travail, l’unique fabrique de bières d’Amsterdam ! Alors évidement, ça parle houblon, fermentation, bonne, blonde, brune, fine, pétillante, séduisante, douce, à tel point que bien vite, sous l’effet de la dégustation, nous ne savons plus bien si nous parlons de bières ou de filles. Nous profitons d’une belle journée de soleil dans ce qui parait-il est l’une des villes les plus agréables à vivre du monde. 

Une poubelle inclinée, trois étoiles dans le routard Hollande!


Il fallait bien qu'on vous mette un moulin hollandais!

Amsterdam, ses canaux, sa bière.


Et en effet nous ne tardons pas à nous rendre compte de son charme  au rythme de promenades à travers les canaux, petites pauses ensoleillées à la terrasse des cafés, pétanque sur le port et même baignade pour Vincent et Julian ! Nous regardons vivre les hollandais se déplaçant sur leurs petites barques en plein cœur de la ville comme nous prendrions le métro à Paris. Avouons-le, nous avons bien du mal à quitter cet endroit et notre copain Julian qui nous a si bien reçu. Pourtant la fin approche, Bruxelles n’est qu’à deux jours de vélo et nous avons déjà la tête à ce fameux 11 Juillet qui marquera la fin du voyage et les retrouvailles avec nos proches. Alors nous fonçons tête baissée et avalons ces deux étapes assez rapidement malgré une longue journée de pluie. Avec un peu de recul nous sommes bien en dessous du niveau de la mer sur ces pistes hollandaises, alors il fallait bien s’attendre à être un peu mouillés. 






Julian a retrouvé le sourire depuis qu'il a battu des français à la pétanque! La Petanca dices ?


Nous arrivons à Bruxelles à 18h pile, juste pour le début du match des Diables Rouges contre l’Argentine. Toute la Belgique s’est arrêtée de respirer pendant 90 minutes. Alice, une amie de Côme, nous attend à une terrasse envahie par des légions de Belges pour assister à ce moment qui pourrait rentrer dans l’histoire. Les supporters donnent de la voix, on chante l’hymne national à gorge déployée, on tente de communiquer par tous les moyens avec les joueurs, mais bien vite l’atmosphère se refroidie lorsque l’Argentine ouvre le score. Jusqu’à la dernière minute on espère une égalisation miraculeuse mais l’arbitre finit par donner un dernier coup de sifflet. Nous avons l’impression de revoir  le scénario de l’horrible match France Allemagne que nous regardions la veille dans un bar hollandais. Mais contrairement à nous qui avons insulté la moitié du village, les belges restent de bonne humeur. On se console avec le sourire, on rit, on boit, on reprend une bière et très vite on se dit que ce n’est que du football, alors on chante, alors on danse
C’est donc chez Alice que nous passerons les deux nuits suivantes dans sa colloc rue du Bailly. Alice travaille ici depuis six mois dans une ONG et n’a pas tardé à se plonger dans les habitudes des habitants de Bruxelles.

-Non ! On dit Brussels, pas BruXelles !! C’est pas croyable ça !
Eh oui, Alice désormais ne rigole plus lorsqu’on déforme la langue du Grand Jacques. En revanche, elle s’amuse de nos anecdotes, de nos histoires et nos habitudes qu’il va bien falloir revoir avant de retrouver notre France. A partir de maintenant notre entourage est francophone, il nous faut aussi faire très attention à ce que l’on dit en public. Attention à ne plus hurler nos problèmes d’hygiènes, l’odeur de nos pieds, nos dérèglements d’estomac ou tout autre détail qui pourrait s’avérer gênant.. Le retour en France commence un peu ici en Belgique Wallonne. Nous prenons également une journée  à Bruxelles pour visiter la Grand Place, les Sablons, le Manneken Pis  et surtout pour profiter d’un déjeuner de gala chez l’oncle et la tante de Côme, Thierry et Claire, ainsi que leurs enfants Victoire et Louis. Quel bonheur de retrouver l’ambiance familiale d’un beau et long déjeuner du Dimanche se terminant à 16h autour d’un café. 

Bruxelles avant le départ, thanks Alice

Encore de la pluie, on change pas une équipe qui gagne


Lundi matin nous reprenons la route pour une dernière étape avant  la frontière française. Nous avons 5 jours pour parcourir les 350 kilomètres qui nous séparent encore de Paris. A 5 km de la frontière nous demandons de l’eau à un type sur le bord de la route. De fil et en aiguilles, notre nouvel ami se prend de pitié et nous propose de planter la tente chez lui et nous offre le petit déjeuner. Alex, retrouvant difficilement ses habitudes de francophone s’adresse d’une drôle de façon à notre interlocuteur.
- Votre prénom, c’est Jean Pierre, c’est ça ? 
- Non, pas du tout, moi c’est Fred !
- Ah d’accord..

Ce bon Jean Pierre, euh Fred, on sait plus bien du coup.



Le moment de retrouver le sol français arrive enfin, après si longtemps. Nous ne savons pas trop à quoi nous attendre. Pourtant nous l’avons imaginé 100 fois cet instant, nous avons pensé à différents scénarios, différents sentiments qui pourraient nous venir. Faudra-t-il pleurer, sourire, rire ? Serons-nous excités, tristes, soulagés, libérés ? A vrai dire nous n’en savons pas grand-chose, mais nous sommes curieux de voir ce qu’il va se passer. Un an passé à vélo à dormir chaque jour à une nouvelle adresse donne l’impression d’avoir quitté notre maison depuis 10 ans. Nous qui avions déjà vécu les longs séjours à l’étranger, nous devons bien constater que la sensation n’est pas la même. Puis à force d’y penser et de revoir la bande annonce, le film finit par démarrer, elle apparaît au bout de la route, cette frontière. Au centre d’un cercle d’étoiles jaunes sur fond bleu, les 6 lettres les plus belles du monde nous sont enfin dévoilées : F R A N C E. C’est le moment, il faut y aller. Nous descendons de vélo tout en retraçant dans nos esprits tout l’itinéraire, toutes les routes, en visionnant en accéléré les milliers d’images de découverte qui nous viennent en cascade. Un pas, deux pas, puis trois, nous y sommes enfin. Alors, verdict ? 



La France nous accueille à bras ouverts!





Eh bien, s’il est difficile de vous raconter ce que l’on ressent à ce moment, quelques photos vous montrerons certainement l’état d’exitation et d’euphorie dans lequel nous nous trouvons au moment de passer le panneau. Il pleut mais l’immense bonheur que nous ressentons nous fait tout oublier. On fait les idiots, on grimpe sur le panneau, on s’allonge sur la route, les automobilistes qui passent se demandent ce que font trois abrutis complètement hébétés autour de ce pauvre panneau. 
Nous y sommes enfin, et en quelques km nous sommes à Villeneuve d’Ascq sous la flamme rouge du dernier Km de l’étape du tour de France qui doit passer ici quelques heures plus tard. Pas question de voler la vedette aux Froome et Contador, nous restons juste le temps d’attraper quelques produits des sponsors et filons vers Festuber ou nous attendent Edouard, Hélène et leurs amis pour une soirée bien nordique. Ce soir-là c’est Monique, de la friterie du village qui régale toute l’équipe et notre couple hôte nous offre une dégustation avisée des bières de la région. Nous pouvons repartir secs et réchauffés pour ce qui s’annonce être un épilogue pluvieux de notre Grande Echappée.


 Ces trois derniers jours, à l’échelle de notre tour du monde, c’est notre flamme rouge, notre dernier Km à nous. La pluie ne nous accorde aucun répit, mais Paris approche et déjà les premiers panneaux indiquent la maison ! 

Route barrée? On y va ? On y va!

Ah t'en as rêvé de celui là

Dégustation frites calvados maison

1 commentaire:

  1. Vivement demain !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    Ns regardons le ciel depuis plusieurs jours , désolés pour vous de voir tomber tant d'eau ...
    On espère avoir bientôt mieux à vs offrir.... ?
    On est fier de vous : c'est avec cet humour et cette franchise et cette combativité qu'on vs aime ... (même sans d'ailleurs : on vs aime - tout court)
    On vs serre virtuellement ds nos bras avant de le faire pr de vrai
    les P

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