Ventiane - Huay Xai: Laos dans les montagnes

Comme vous avez pu le remarquer ces derniers  temps on change de pays comme on change de caleçon, c’est-à-dire à peu près une fois par semaine. Après le Vietnam, le Cambodge et la Thaïlande nous voilà donc au Laos, à Ventiane, la capitale, plus précisément. Le Laos traîne la réputation de pays qui vit à un rythme ralenti et Ventiane celle d’être une gentille bourgade sans grand intérêt. Ça tombe plutôt bien car nous sommes à la recherche de calme et de repos. Après une semaine bien remplie dans l’effervescence thaïlandaise nous goutons avec plaisir à l’activité paisible des rues de Ventiane. Nous ne sommes cependant pas seuls dans la ville, de nombreux touristes de passage arpentent les avenues de la capitale avant de partir à l’assaut du très couru nord Laos. De notre côté le programme est assez simple, ne rien faire pendant 24h date à laquelle nous repartons nous aussi vers le grand nord. Quand il s’agit de ne rien faire, on est très fort, des grands maîtres même ! Quand nous ne mangeons ,ni ne dormons pas nous déambulons  tranquillement dans les rues du centre ou allons saluer notre vieux pote le Mekong que nous retrouvons avec joie.
         Mais comme à chaque fois «à m’ment donné il faut remonter sur le vélo ». Ça se traverse pas tout seul les pays figurez-vous. Le réveil sonne, nous bondissons de notre lit tel des fauves affamés de kilomètres et nous nous élançons sur la terrible route 13 (oulala ça fout les choquottes ça !). et filons vers le nord.  Notre programme au Laos est chargé car il y’a beaucoup à faire mais pour une fois nous avons le temps ! Autant de jours de repos que de jours de bicyclette, que demande le peuple ? Après quelques kilomètres nous doublons un cycliste : sacoches Ortlieb et guidon papillon, notre œil averti ne s’y trompe pas c’est bien l’un des nôtres. 



Vincent entame donc la discussion avec le camarade : Giam est un malais d’une soixantaine années ancien radiologue et féru de voyage à vélo qui est parti de chez lui un beau matin et va jusqu’à Hanoi au Vietnam. La conversation se poursuit sans que Vincent n’ose poser la seule question qui lui brule vraiment les lèvres :  « pourquoi fait il du vélo en jean sous cette chaleur ? ». Ce qui est amusant c’est que la veille à Ventiane nous avions croisé Sam un chinois très sympa de 19 balais engagé dans un grand voyage depuis la Chine jusqu’à l’Europe et l’Afrique. Entre Giam  60 ans et Sam 19 ans, voilà un beau grand écart , comme quoi il n’y a pas d’âge pour faire du vélo. Tout ça pour dire que la  route que nous empruntons semble très fréquentée par les pas très fréquentables cyclotouristes. Un équivalent de la ruta 40 sud-américaine en somme. Nous terminons cette première journée de vélo au Laos de bonne heure. Nous trouvons une guest house miteuse sur le bord de la route près de la ville de Phon Hong et passons le reste de la journée à regarder  Indiana Jones 4 qui est un très mauvais film si vous voulez mon avis.
       
       Le lendemain matin nous faisons grise mine. On avait à peu près assimilé le fait que nos journées commencent avant le soleil mais ce qui nous met un peu en rogne parfois c’est de devoir avaler un Pho pour commencer la journée. Le Pho c’est une délicieuse soupe de nouilles de riz, légumes et bœuf mais à 5h30 c’est lassant tout de même. Côme, dont la bonne humeur tombe parfois comme un cheveu dans le pho,  nous arrachera tout de même un sourire en nous disant « allez les gars  smile on fait une Pho-to ». 

Il est 5h Phon Hong s'éveille






       Notre sourire revient définitivement au cours de la journée à mesure que le paysage se dévoile. La route 13 jusqu’alors toute plate commence à onduler doucement  sous nos pneus. Ces premières collines nous immergent progressivement dans le fantastique paysage de montagne qui nous attend pour les prochaines étapes. Mention spéciale pour ce petit village de pêcheur niché dans une vallée au bord d’une belle rivière dont le glou-glou nous a immédiatement séduit (malheureusement nous ne retrouverons pas son nom parce que j’ai paumé la carte du Laos…). Les derniers kilomètres avant la ville de Vang Vien laissent apparaitre les premiers sommets de la région, de gigantesques blocs de pierre  grise surgissent au milieu de collines recouvertes de forêts. 

Ledit village en image

Oh le pont de la rivière Kwai !






     Nous arrivons à Vang Vieng une ville créée de toute pièce au cœur de ce décor vraiment spectaculaire, et toute entière dédiée au tourisme. Les deux rues du bled sont bourrées à craquer d’hôtels et de restaurants au milieu desquels se promène un bon paquet de jeunes backpackers. Il  fait cependant bon vivre à Vang Vieng, tout y est étrangement bon marché, le paysage est magnifique et la rivière qui coule au pied de la ville est bien rafraîchissante.  Dès les premières heures nous sautons dans nos maillots de bain pour aller faire un petit plouf. Quelques minutes après nous sommes assaillis par  un groupe de pirates laotiens hauts comme trois litchis qui grimpent sur nos petites épaules endolories par tant de vélo.  A la nuit tombée nous nous effondrons de fatigue et nous nous endormons sans attendre.

On vous l'a dit haut comme 3 litchis et encore...



Vang vieng


        Le lendemain nous voulons faire quelque chose de constructif. La spécialité de Vang Vieng est le tubing, une activité qui consiste à descendre une rivière paisible vautré dans une bouée en buvant des bières. Mais attention c’est plus dangereux que cela n’y parait, il y‘a au moins un mort par an du fait d’une consommation excessive d’alcool (d’après notre Lonely Planet c’est dire !). Ne voulant pas risquer notre peau bêtement nous décidons de nous tourner vers des activités moins dangereuses. Nous partons donc à quelques kilomètres de là sur une charmante route de cailloux pour passer la journée autour d’un lac à l’eau étrangement bleue. Nous  nous y prélassons toute la journée en compagnie de beaucoup de nos collégues backpackers qui ont probablement eux aussi décidés de faire quelque chose de constructif.





         Dès le jour suivant nous enfourchons nos bicyclettes pour continuer l’aventure vers la célèbre ville de Luang Prabang point d’orgue de notre périple laotien. Ce matin-là à 5h15 précise se passe une scène vraiment terrible. Alors que nous nous apprêtons à quitter notre auberge à pas de loups avec nos vélos  nous tombons nez à nez avec un groupe de fêtards tranquillement attablés sur la terrasse et sirotant des bières en attendant le lever du soleil. Les salauds ! Pas facile de se mettre en selle après ça ! Mais courageux comme des lions nous partons ! Le ciel ne tarde pas à nous récompenser en déversant sur nous des averses diluviennes (que Côme ponctue à chaque fois d’un « bin vous voyez c’est ça la mousson »). Ces pluies qui durent entre 5min et 2h nous permettent de progresser toujours un peu plus dans l’art du mot fléché (en 13 lettres,  amateur de mot fléchés : verbicruciste pan !).  

Tricheurs...



        La pluie finit par nous laisser un peu de répit et nous continuons notre petit bonhomme de chemin. Les collines se transforment petit à petit en cols et nous prenons conscience que nous entrons pour de vrai dans les montagnes. Les cols laotiens nous en font baver, certaines portions sont salement raides car, contrairement à leurs homologues péruviens, les ingénieurs du coin ne s’emmerdent pas avec des lacets inutiles. Et oui après tout c’est quand même plus simple d’aller tout droit ! Mais le paysage autour de nous est une vraie récompense à nos efforts. Nous sommes cernés par ces magnifiques sommets aiguisés surgis de nulle part dont une brume mystérieuse accroche les flancs. La lumière de fin de journée donne à ce panorama une beauté indéfinissable. Nous nous accordons pour dire que c’est l’une des plus belle route que nous ayons emprunté. Finalement comme le dit ce vieux proverbe laotien « si tu veux en prendre plein les mirettes, prépares tes gambettes ». Nous nous arrêtons dans une petite auberge perdue dans  les hauteurs pour passer la nuit et nous découvrons tout heureux l’existence d’une source d’eau chaude à proximité dans laquelle nous plongeons en nous rappelant de doux  souvenirs d’Amérique du Sud…


10% ? Mais t'es fada toi !



Arg plus de PQ ! Ah moins que ...

         C’est donc bien reposé que nous partons le matin suivant à l’abordage des cols. Et on a beau dire on ne s’y fait jamais vraiment aux cols ! Ca grimpe toute la journée et nous avalons un dénivelé positif impressionnant. Nous traversons de nombreux villages de montagnes dont la pauvreté tranche nettement avec ce que nous avions pu voir en Thailande et au Vietnam. En général dans chacun de ces villages les enfants nous courent après, nous tapent dans les mains ou nous lancent gaiement des « Sabaiiiidiiiii » bonjour en lao et d’autres trucs qu’on comprend pas vraiment. De quoi nous redonner du baume au cœur! La plupart du temps ces villages s’organisent autour de la route qui les traverse, tout le monde semble avoir quelque chose à vendre. Plus loin nous voyons quelques cultures qui donnent des touches de couleurs aux pentes des montagnes. Nous retrouvons un petit air andin en parcourant ces bleds posés au milieu de pas grand-chose. Nous notons avec amusement les groupes de laotiens disputant avec animation des parties de pétanque endiablées, les restes d’une culture française ! Nous avalons 80 km dans la souffrance et atterrissons finalement au sommet d’un col dans le village de Kiewkacham pour passer la nuit. L’endroit d’ailleurs semble fait pour accueillir les touristes qui font une halte sur leur route pour Ventiane, les menus sont traduits en anglais, on y vend quelques douceurs et trois guest houses peu chaleureuses s’alignent sur la route principale au cœur du village. Nous y croiserons trois motards australiens s’apprêtant à partir  à toute berzingue vers le Vietnam.

Misty moutains



Un double sabaidi extrémement bien réalisé

       Le lendemain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne nous continuons notre route vers Luang Prabang. Nous commençons par redescendre comme des flèches ce col qu’on s’était fatigué à monter la veille. Nous nous consolons en voyant monter dans l’autre sens les petits écoliers à vélo qui se dépêchent pour arriver à l’heure en cours, comme quoi on n’est pas les seuls à souffrir. La journée sera plutôt agréable finalement, un seul col pour deux grandes descentes, nous sommes gagnants. Nous arrivons à Luang Prabang en fin de journée, après s’être perdus puis retrouvés.  Ça fait un bout de temps qu’on nous en parle, tellement qu’on a un peu peur d’être déçus ! Le bijou du Laos parait-il ! Dès nos premiers tours de roues dans la rue principale nous sommes surpris, « c’est tout petit en fait ». Luang Prabang dégage un charme étonnant dès le premier abord. Les rues et les bâtiments sont admirablement conservés, probablement grâce au statut patrimoine mondial de l’Unesco. Les habitations sont toutes choupettes avec leur toit qui rebique et leur façade en bois . La ville regorge de temples et de pagodes et l’on croise des bonzes à chaque coin de rue. Luang Prabang est au confluant des eaux chaudes et bouseuses du Mekong avec les eaux non moins chaudes et non moins boueuses du Nam Kham. Le tourisme est l’activité centrale de la ville, il n’y a qu’à voir la profusion de restaurants, de bars, d’hôtels et d’agences touristiques. Mais surtout le tourisme à Luang Prabang se dégage par son élégance. Tout y est classe, stylé, un petit quelque chose de parisien peut être. So trendy Luang Prabang ! Nous déambulons donc au milieu des boulangeries françaises, des restaurants chics, des bars loundge et des vendeurs de smoothies.  Autant vous dire que l’on ne s’est pas senti à l’aise tout de suite avec nos t-shirts crapouilleux et nos barbes crasseuses. Le calme et l’élégance de la ville nous intimide presque le premier soir alors que nous cherchons un petit endroit où manger un fried rice bon marché.  
Trendy Luang Prabang, 


Bon sang mais c'est ça la solution contre le soleil !

     Cette impression s’efface très vite le lendemain et nous sommes immédiatement conquis par la beauté de la ville. Malgré un tourisme très développé Luang Prabang conserve une douceur rare en Asie. C’est avec un vrai plaisir que nous arpentons la ville en observant l’animation tranquille des rues.  Il est même possible de se retrouver sur un trottoir et de ne pas entendre un seul bruit. C’est dire ! Nous profitons à leur juste valeur de ces moments de calme. Nous trainassons au lit, puis nous trainassons dans la ville, puis nous trainassons sur les berges du Mekong. Bref nous nous laissons porter par l’atmosphère toute laotienne de l’endroit. 

Luang Prabang




        Le lendemain nous partons à la découverte des très célèbres cascades de Kuang Si. Là encore le charme de Luang Prabang opère. Malgré un flot de touristes impressionnant les chutes d’eaux conservent leur beauté et leur attractivité. L’eau y est turquoise et nous passons une après-midi entière à nous prélasser dans les nombreux bassins naturels du site. Un vrai bonheur d’avoir accès à cet oasis de fraicheur dans ce monde de brutes !  Nous passerons finalement 4 jours à Luang Prabang, juste le temps qu’il faut pour s’approprier la ville, faire un peu la fête avec un sympathique couple allemand et s’offrir quelques petits plouf dans notre Mekong adoré.


L'équipe de france de glandouille se préparant pour la coupe du monde


Attaquant de pointe


Défenseur rugueux

Gros malin

Nous mettons ensuite en place notre plan pour la fin de notre trip asiatique : rejoindre le nord de la Thailande grâce à un habile bateau qui remonte le fleuve en deux jours jusqu’à la frontière avec le Laos (et le mythique triangle d’or) puis nous balader en vélo dans les vertes montagnes thaïlandaises jusqu’à épuisement. Aussitôt dit aussitôt fait ou presque, le jour du départ nous nous perdons lamentablement sur les routes laotiennes et ratons à quelques minutes près notre embarcation. Il faut dire que c’est pas facile de demander sa route ici, notre niveau de laotien étant à peu près aussi élevé que leur niveau d’anglais. Bref nous passons une matinée légèrement agaçante à faire l’essuie-glace sur la route 13 en cherchant l’embarcadère. Nous finirons donc par le trouver mais trop tard. Qu’importe dès le lendemain matin nous sommes au garde à vous pour embarquer sur le « slow boat » vers la Huay Xai la ville frontière avec la Thailande. Le terme de slow boat colle parfaitement avec notre bateau, nous passons deux jours à voguer tranquillement sur les eaux calmes du Mekong. Nous traversons de magnifiques régions assez reculées du Laos, partout le fleuve est cerné par d’innombrables collines recouvertes d’une épaisse végétation. De  temps à autre nous apercevons un petit groupement d’habitations perdues au milieu de rien qui nous laisse comme toujours une étrange sensation de bout du monde. Nous arrivons finalement à la ville frontière et bien fatigués par toute cette eau (on n’est pas des marins nous en fait) et partons illico nous coucher. Demain nous repassons en Thailande, l’occasion de changer de caleçon !


Méfiance... Genies au travail

Mekong encore et toujours



Une première incursion en territoire Thaïlandais: de la frontière Cambodgienne à la frontière Laotienne, 650km en 5 jours...

     Nous vous avions donc laissés aux portes du Royaume de Siam. 5h, le réveil sonne. « Les gars, c’est l’heure de se tailler en Thaïlande ! » Comme toujours, la journée commence dans la bonne humeur ! Non, en vrai, aucune personne normalement constituée ne peut faire de tels jeux de mots pourris à 5h du mat… Nous enfilons nos shorts et nos baskets et mettons le cap sur la frontière. Mais passer du  Cambodge à la Thaïlande, ça se mérite… La frontière est nichée en haut d’une colline. Et même nos cuisses affutées par des mois de vadrouille dans les Andes ont du mal à nous mener au sommet. Oh, rien de très long… Mais quelle pente ! Nous sommes presque obligés de zigzaguer pour ne pas s’arrêter et dévaler la pente en arrière (cascade que l’on ne maîtrise toujours pas). Arrivés au sommet, Alex retire son t-shirt et l’essor pour en extraire le demi-litre de sueur accumulé. Le tout devant le douanier, quel toupet ! Précisons qu’il n’est alors que 7h du matin et que le mercure affiche déjà les 30 degrés ; « Au moins ! » rajoutera Alex qui a toujours chaud.

Alex, en eaux, à 7h du mat

    Notre tampon Thai en poche, nous remontons sur nos bicyclettes. Ici, on roule à gauche et nous ne le savions pas. Pour un peu, l’un d’entre nous aurait presque engueulé le premier automobiliste qui passait par là ! Mais bon,  nous sommes des gens civilisés et réfléchis : nous nous rabattons donc sur le côté gauche de la chaussée. Et quelle chaussée ! L’asphalte y est bien  noir, bien lisse, les bandes bien dessinées… Nous apprécions donc déjà un certain nombre de différence avec le Cambodge. Nous profitons de cette belle route qui nous ferait presque nous sentir de retour en Europe. Après 40km roulés nous nous arrêtons pour acheter une belle pastèque. Toute en finesse, nous sortons nos gros dollars qui étaient monnaie courante dans le pays voisin. Loupé, ici c’est le Bath (monnaie thaïlandaise) et seulement le Bath ! « Alors les touristes, vous êtes bien mignons mais vous allez voir ailleurs si la pastèque y est ! » croyons nous comprendre avec nos rudiments rudimentaires de Thai. Résultat des courses (enfin des « non courses » plutôt), nous devons parcourir 30km de plus pour atteindre une ville de taille décente où nous pourrons tirer de l’argent. C’est chose faite. Ensuite, nous atterrissons dans un petit resto de rue où, pour trois fois rien, nous nous rafraichissons d’eau glacé et de Coca-Cola et dévorons un gros plat de riz et de poulet rôti.

Nous faisons connaissance avec le roi du royaume de Thailande

    Suite à quoi, direction un petit square pour la sieste quotidienne. Mais Alex ne trouve pas le sommeil : son esprit reste troublé parce qu’il a vu quelques instants plus tôt, un supermarché ! « Allez les gars, moi je pars visiter… ! » 30 minutes plus tard, il revient de la caverne d’Ali baba avec 4 paquets de gâteaux et un gros gobelet de café glacé. Après un bref reporting fait à Côme et Vincent sur les prix et produits du magasin, la  décision est unanime : 7eleven, nom de cette fameuse chaine thaïlandaise, sera notre QG ! Nous poursuivons ensuite notre découverte de la Thaïlande. Nous trouvons ce pays très développé. Il est un peu à l’Asie du Sud-Est-ce que l’Afrique du Sud est à l’Afrique : ici des gros pick-up, là des superettes ouvertes 24h/24 où l’on trouve des grosses tireuses de Soda, là un KFC, ici une quatre voies … Ce n’est pas désagréable mais c’est tout de même moins pittoresque que le Cambodge. Il ne faudra donc pas hésiter à prendre les petites routes pour retrouver ces rizières que nous avons maintenant adoptées.

La Thailande, Happy Land d'Asie du sud est

      Le soir,  nous faisons étape à Si Sa Ket. Notre recherche d’hôtel nous amène à traverser un petit marché, très fréquenté en ce dimanche soir. Nous klaxonnons, zigzaguons pour nous frayer un chemin quand tout à coup, le temps s’arrête ! La foule s’immobilise net au son d’une musique, diffusée dans toute la ville. « Euh, qu’est-ce qu’ils font là ? C’est un Flash mob ?» Non non, c’est juste l’hymne national thaïlandais qui retentit, comme tous les jours, à la même heure. Du coup, on s’arrête aussi pour éviter de mettre les pieds dans le plat. En parlant de plat, le soir, au diner, Côme se met à pleurer… Oh ne vous inquiétez pas, rien de grave. Il a juste choisi la soupe la plus épicée de la carte : « Bah alors Côme, t’as le piment qui te monte au nez… ? » ricanent Vincent et Alex qui sont bien contents que Mister Spicy fasse un peu le moins le malin pour une fois. A 21h, nous nous endormons en repensant à cette journée pleine de découvertes.



     Lundi matin, 5h : le réveil sonne. Comme tous les matins, Vincent chante sur la musique du réveil matin. En Amérique du Sud c’était Grease, maintenant c’est Lemon Tree de Fools Garden. Dans tous les cas, l’interprétation matinale de Vincent n’est pas jojo ! Heureusement, il s’arrête assez vite de pousser la chansonnette lorsqu’il se souvient pourquoi il est là. « Ah putin, je veux pas faire de vélo ! ». Pendant ce temps-là, Côme répète infiniment la même phrase : « Allez debout les gars ! ». Sauf que lui, il reste couché… Et Alex ? Alors lui c’est encore un autre style. Déjà il faut le localiser. Il termine bien souvent sa nuit hors de la chambre, dans le couloir de l’hôtel, comme un clochard sur son tapis de sol. Motifs : trop chaud dans la chambre, attaque de moustiques, attaque de puces de lit… Du coup, c’est cool parce qu’il a toujours plein de trucs « captivants » à raconter sur sa nuit. « Tu sais Alex, sinon la nuit tu peux aussi faire comme nous… dormir ! »

En Thailande, les routes ont même des bornes kilométiques
     Bref, on se lève tant bien que mal et on décolle pour le petit-déjeuner. Devinez où ? Chez 7eleven. Quand je vous disais que c’était devenu notre QG ! Des petits biscuits, des yaourts et des bun (sortes de beignets farcis à la viande, spécialité d’Asie du Sud Est), de quoi faire le plein d’énergie pour la matinée. Et on en a bien besoin d’énergie car nos journées sont très riches en km. Nous ne disposons que de peu de temps en Asie et il y a plein de choses à voir ! Du coup, nous faisons entre 110 et 120km par jour. 70 le matin et 40 ou 50 l’aprem. En ce lundi midi, nous faisons notre pause à l’ombre d’une petite cabane resto, tenu par une très bonne cuisinière. Elle est très gentille, très souriante même si elle essaye de nous faire payer le double de l’addition. Ça fait partie du jeu ! Pendant cette pause, Vincent et Côme regardent Indiana Jones pendant qu’Alex essaye de rattraper sa nuit.  Vincent, qui se prend pour le héros de l’arche perdue tente de communiquer son enthousiasme à Alex en imitant le bruit et la gestuelle du lancer de lasso. «  Tatalata tatata, Tatalata tatatatata  ». Résultat mitigé sur Alex qui est un peu ronchonchon au réveil de la sieste.
Le soir, nous arrivons à Suwannaphum. Et le petit hôtel où nous atterrissons est d’ailleurs plus mignon que le nom de la ville. Des petits bungalows, des petits chats et des petits prix…Un peu excentré et très calme, c’est l’endroit parfait pour que Vincent nettoie son vélo, que Côme Facebooke en paix et qu’Alex passe un entretien. Un entretien ? Bin ouai, il prend son avenir en main le petit. En fait, il cherche un apprentissage pour l’année prochaine. Du coup, c’est en short/tongues et barbe de 30 jours qu’il se branche sur Skype. « Allez Alex, je te trouve très beau pour cet entretien. Moi je t’embauche direct » l’encourage Vincent. Affaire à suivre donc…

Alex et Vincent étudient méthodiquement la carte Michelin
A 5h, le lendemain matin, Alex fabule encore sur sa nuit.
« Eh les gars, vous avez entendu hier les prostituées qui sont venues racoler à notre porte ? Il y en avait une trop flippante, c’était un mec je crois ! »
« Oui c’est ça Alex… Après les puces de lit, les pu*es. Mais encore… »
Les matins s’enchainent et se ressemblent. Nous filons au supermarché ingurgiter notre petit dej et nous revoilà sur la route. Comme souvent le matin en Asie, Côme caracole en tête, il faut dire qu’il est en pleine forme en ce moment. Toujours devant et ne rechignant jamais à faire plus de km. « Venez les gars on fait les 230km qui nous séparent de Ventiane en une journée et le jour d’après on dort toute la journée » aurait-il proposé un matin. Vincent et Alex n’ont pas jugé bon de relever. Alors d’où lui vient cette forme olympique : du régime alimentaire 7eleven ou de sa sacoche en mois qui allège son vélo, sacoche oubliée au Vietnam par notre Jean de la lune national ?

Quand on vous disait qu'il était en forme le bougre...!

     Aujourd’hui il fait gris ce qui adoucie la température pour notre plus grand plaisir. Nous profitons de la beauté du paysage. La campagne thaïlandaise, ses rizières et ses petits foyers de feux propres à la culture sur brulis et qui dégagent une épaisse fumée au loin. Les odeurs et les paysages nous replongent par certains aspects sur les routes africaines. La faune elle aussi nous séduit : des petits serpents qui traversent la route, des chiens qui aboient sur notre passage et de belles têtes de bétails, béThai (désolé) tels que des buffles aux grandes oreilles qui donnent à ceux-ci un air idiot et très attendrissant. Et nous aimons aussi beaucoup le contact que nous avons avec les Thaïlandais. Il n’est pas rare de se faire arrêter par des automobilistes qui veulent prendre des photos avec nous.


Allez les gars, on sort notre plus beau sourire !

Vous remarquerez que les gars font plus d'efforts quand il s'agit de nanas...
   
      La Grande Echappée est donc heureuse mais La Grande Echappée a également tendance à s’ennuyer car le paysage ne change pas beaucoup. Heureusement que nos MP3 sont là ! Nous terminons cette nouvelle étape de 110km et quelques dans la ville de Yang Talat.




Nous non plus, on ne sait pas trop pourquoi Côme s'est foutu un drapeau français dans la bouche pour la photo...

     Un petit hôtel à l’entrée de la ville attire notre attention. L’endroit est charmant mais les prix un peu moins. Nous demandons donc à pouvoir dormir dehors. La patronne ricane mais elle est d’accord. Avec la tombée de la nuit, nous comprenons ce qui amusait la propriétaire : le domaine est bordé d’un étang et une horde de moustique mutants et belliqueux, piquant à travers les vêtements, fait son apparition. Nous ne pouvons pas dormir dehors, il faut trouver une solution. Hors de question de dormir sous la tente avec cette température ! On adresse nos inquiétudes à la patronne concernant les moustiques et celle-ci nous ouvre sur le champ une chambre grand luxe, climatisée : « Free for you, freeeeee ! » C’est le Jackpot pour la Grande Échappée qui va passer une des plus belles nuits du voyage. Au réveil, Vincent avait même chopé la crève. C’est pour vous donner une idée de la puissance de la clim ! Alex a lui dormi d'une seule traite et n'a rien à raconter au réveil. Vous vous rendez-compte !

T'as une tâche...!
Pas le temps de s'arrêter pour la photo...


Cool en toutes circonstances !
     Le mercredi passe à toute vitesse. Encore une journée qui défile à près de 25km/h. Plus on se rapproche du but, à savoir, de la frontière Laotienne, plus on accélère. La fatigue se fait ressentir. C’est difficile mais sur le vélo, on n’y pense pas trop car il y a toujours quelque chose à penser où à regarder. Aujourd’hui par exemple, nous traversons une région connue pour ses excavations de la période du Jurassique.
« T’as vu Vincent, les gros buissons taillés en forme de dinosaure ? »
« Euh non où ça… ? »
« Là-bas, faut ouvrir les yeux aussi ! »
« Bin je pourrais les ouvrir si on se levait pas à 5h du mat tous les jours ! »
Se lever tôt le matin permet aussi de côtoyer les petits bonzes qui eux aussi commencent leur journée à 5h. Nous les voyons déambuler dans les rues, en files indiennes (du plus grand au plus petit). Ils sillonnent les rues, se positionnent stratégiquement à l’entrée des 7eleven (les supermarchés pour ceux qui prennent l'article en cours) où ils échangent prières et bénédictions contre de la nourriture quelques baths. Ces moines bouddhiques en herbe sont bien sûr vêtus du célèbre Kesa, drap de couleur ocre facile à repérer mais apparemment bien difficile à se mettre sur le dos. On se plaint avec nos nœuds de cravates mais eux, il leur faut un mois pour apprendre à s’habiller tout seul ! Ces petits bonzes sont soit orphelins, soit issus de milieux défavorisés. Les moines s’occupent d’eux puis les bonzinets peuvent choisir de devenir eux-mêmes moines ou de rentrer au village répandre la parole de Bouddha.

Si on avait eu le temps, on aurait viré les fils électriques avec photoshop, veuillez svp faire abstraction...

     Après cette belle journée bien remplie en coups de pédales et routes de campagnes, n
ous arrivons, 120km plus loin, dans la charmante bourgade de Kumphawapi. Kumphawapi, ses singes qui se baladent sur les fils électriques, ses hôtels qui affichent des tarifs à l’heure et surtout son Tesco version Lotus, un supermarché géant qui dispose même d’un Food Court où nous avons passé la soirée. Soupes, riz, burgers KFC, cake à la banane : on avait faim et c’était bien !

Ce macaque ne blaguait pas du tout, le photographe a pris des risques...

Bah tu vois Alex, t'es pas le seul à prendre des coups de soleil...

     Jeudi 8 mai, ce n’est pas férié pour la Grande Echappée ! Pendant que vous vous la coulez douce en France, il y en a qui bossent bon sang ! Pour nous c’est direction Laos… Au programme, 120km de casi autoroute jusqu’à Ventiane, la capitale du Laos.
5h : le réveil sonne.
6h les coqs chantent et se foutent bien de la tronche des trois guignols qui se sont levés 1 heure avant eux.
7h : On a déjà fait 15km
9h : On fait la pause gâteaux et sodas. Certains (surtout Alex en fait) remettent de la crème solaire.

Tu vois Maman, tu peux être fière de toi, ton fils t'écoute !

11h : Au moins 80km au compteur, on cherche un endroit où manger.
15h30 : Après une longue pause faite de siestes, de mots fléchés et de déjeuners (on déjeune souvent 2 ou 3 fois pour être sûr…) on reprend la route pour les dernier km de la journée.
17h : passage de la frontière Laotienne démarquée par le pont qu’ils ont appelé « pont de l’amitié Thailando-Laotien  (pas sûr que ça se dise) »
18h : Ventiane nous voilà !

Le classique: mots fléchés pendant le déjeuner. 
     Le soir, c’est fatigué et heureux que nous allons manger dans le centre-ville et que nous dégustons notre première BeerLao. Excellente ! Nous sommes tellement crevés que ces 640 pauvres millilitres de ce doux breuvage suffisent à nous rendre pompette : Vincent dialogue avec le chat du resto, Côme veut décoller toutes les étiquettes de bouteille de bière pour les coller sur son vélo et Alex verse l’intégralité du pot de sauce pimentée sur son plat. Un carnage…Bon les gars, tout le monde au lit ! Et demain matin grasse matinée pour tout le monde !