Ilha de Ibo - Ilha do Mocambique: d'une île à l'autre

Jeudi matin le repos s’achève de bon matin. Nous devons botter nos petits fessiers hors du lit de notre charmante pension d’Ibo pour quitter l’ile avec le premier bateau qui lève les voiles à 4h du matin. Pourquoi s’infliger tant de souffrance à prendre le premier me direz-vous ?! Et bien parce qu’il s’agit du premier et dernier de la journée. Du coup il ne faut pas louper le coche. Ah les horaires Mozambicaines qui dépendent des marée et autres phénomènes naturels, c’est à y rien comprendre !  A 4h3o, nous voilà donc de nouveau entassés dans la barcasse fourretout qui met le cap sur le continent. Alex et Côme trouvent une place sur le mat du navire et Vincent préfère lui l’intérieur du bateau. Il doit  supporter la cohabitation avec poules et poissons séchés mais ça a le mérite de faire moins mal aux fesses que le mat. 5h30 sur le continent, toujours pas le temps de s’enfiler un petit-déj, nous chargeons ilico nos bicyclettes sur le toit d’un Chapa (taxi-bus brousse pour ceux qui n’ont pas lu le dernier post du blog) qui va nous emmener 190km plus au sud, à Pemba. Encore un bus ! Bin oui, la Grande Echappée n’est pas encore remise de sa journée cauchemardesque de presque 24h et souhaite donc en finir sans plus attendre avec cette région sableuse hostile à nos roulements comme à notre moral. Le trajet en Chapa est assez long. Nous nous cramponnons à l’armature du camion comme nous pouvons. Nous glanons quelques petits pains en route et Côme et Alex, le ventre plein (ou plutôt à moitié plein) parviennent à finir leur nuit dans ces conditions pourtant peu propices au sommeil. Vincent et les autres passagers sont impressionnés et peut être un peu jaloux de les voir s’étaler de la sorte. A l’arrivée, les vélos ont été bien secoués mais rien de cassé. Nos vêtements sentent le poisson mais nous arrivons entiers à destination !

Contents de pas faire du vélo les mecs

A Pemba, nous profitons des plaisirs qu’offre cette ville touristique. Un takeaway burger (pas le meilleur qu’on ait mangé) et une grosse session internet café. Puis la nuit tombant, nous partons en quête d’un endroit où dormir. La tache se révèle compliquée pour les trois radins que nous sommes. A premier vue rien à moins de 500 meticals par personne. Hors budget ! Un passant nous propose de dormir dans sa maison en chantier et d’acheter un poulet à faire griller sur son barbecue. Il est mignon mais il veut que l’on paye et puis il habite loin le bougre. Au bout d’une piste sableuse d’au moins 5 bornes. Et nous le sable, ça nous sort par le nez quand il s’agit d’y faire du vélo. Du coup, on abandonne le projet et on termine au camping du Russel Lodge. Le Russel Lodge c’est un peu The Place To Be à Pemba. C’est grand, il y a de la musique (et même un écran géant) c’est cher et bien sûr il n’y a que des blancs. Du coup pas ouf à prime abord. Mais on fait marcher notre petit numéro « on fait le tour du monde, on est fatigué, on n’a pas d’argent » et paf : On obtient le droit de planter la tente pour 200/pers. Et pour le prix on a accès à la pistoche (eh ouai les gars, on sait se faire plaiz aussi). Et le lendemain matin, c’est free café et thé à volonté. Il ne faut pas nous le dire deux fois, nous en buvons plusieurs litres. Ah les pinces… Le manager des lieux ne nous en tient pas rigueur et c’est même attendri qu’il nous offre des petits casse-croutes pour la journée. Peut-être aussi la seule façon de se débarrasser des sangsues que nous sommes.
Le lendemain c’est vendredi et on décide de profiter un peu de la plage de Pemba avant de reprendre la route. Pemba Beach c’est vraiment une très belle plage, en plein centre-ville. On y croise des locaux, des vendeurs de tout, des vendeurs de rien, des écoliers, des touristes et des cyclistes qui réparent leur vélo (ça c’est nous !). 
Cocotiers, sable fin et chambre à air

Pris d’un élan incroyable, Vincent décide d’installer la béquille Décathlon qu’il trimbale sur son porte bagage depuis Madrid. Mieux vaut tard que jamais. Alex apprécie l’initiative et part en quête d’une clef de 14 pour lui filer un coup de main. Le Diving club en a forcément une.  Effectivement, Vincent va enfin pouvoir rendre l’équilibre à son vélo. L’installation est un succès. Le vélo tient tous seul sur la plage. Champagne ! La fête est de courte durée, quelques minutes plus tard, le pauvre vélo s’écroule lamentablement sur la place du marché. Vincent est un peu énervé mais il en conclue stoïquement que l’important c’est d’avoir essayé.
Nous prenons ensuite la longue route qui doit  nous mener 6 jours plus tard à Isla De Mozambique. Au total, environ 500km d’asphalte. Pas de doute, on va kiffer ! Nous interrompons assez vite cette première mini étape de 30km avec la tombée de la nuit. Nous atterrissons dans la ville de Miezi. Miezi c’est pas le paradis. Cette petite ville de banlieue manque de charme. Et la pension dans laquelle nous allons passer la nuit encore plus. Il s’agit plus ou moins d’un hôtel de passe flanqué d’un bar un peu mal famé. Ce n’est pas génial mais c’est ça ou rien. Le maitre des lieux qui dispose des doubles des clefs de toutes les chambres nous dit de faire extrêmement attention à nos affaires. Ah…rassurant ! Nous mangeons un petit plat de riz et nous regagnons vite nos chambres ou nous attendent des femmes dénudées (en poster) et des ventilateurs qui brassent l’air de ces trous de souris et nous permettent de passer une bonne nuit.
Samedi matin, le départ est très rapide. Nous ne souhaitons pas nous éterniser ici. Un petit tour sur le marché pour quérir petit dej et pique-nique et à 7h15, l’équipe est au complet sur la ligne de départ. En s’éloignant de Pemba, les bas-côtés s’embellissent. On voit surgir au loin montagne et végétation plus épaisse. Des petites tornades font s’élever le sable autour de la route. Nous passons près de splendides et grands rochers qui surplombent le paysage. 

Côme arrete de mater les mozambicaines



C'est l'histoiiiiiire de la viiiiie
On imaginerait presque le singe Rafiki  y présenter le roi Simba à tous les animaux de la savane. Nous sommes sur une grosse route de liaison entre les deux grandes villes de Pemba et Nampula mais à notre grande surprise et pour notre grand plaisir, le trafic y est faible. Quelques camions et pas mal de motos. Nous apercevons aussi des 4x4 peuplés de personnes de couleur blanche. Leurs véhicules roulent vite et ralentissent parfois à notre hauteur pour observer les énergumènes que nous sommes et faire un petit coucou. « Oh il y a un 4x4 monstrueux qui a ralenti à ma hauteur et dedans il y avait une blondasse avec un Coca bien frais à la main, j’ai le seum » s’exclame Côme. C’est vrai, parfois nous les envions un peu avec leur climatisation  et leur 90km/h de moyenne mais les cris de joie et acclamations que nous adressent des enfants Mozambicains sur le bord de la route ont vite fait de redonner raison à notre moyen de transport. Nous sommes d’ailleurs étonnés par les réactions des enfants. Certains courent carrément vers nous et pourraient presque sauter sur notre porte bagage. D’autres se mettent à pleurer et rejoignent à toute vitesse les jupons des mamans du village, très amusées par le spectacle. A midi, nous nous arrêtons sous un manguier pour déjeuner. Au menu, petits pains, mayo, tomates et concombres (ce dernier ingrédient est la grande nouveauté qui égaye la journée). Jusque-là tout va bien. Sauf que notre manguier perd ses plumes (ses mangues). Ce sont de petites mangues mais certaines font bien la taille d’une pomme.  C’est donc avec manque de sérénité que nous croquons nos sandwichs. Après avoir évité de peu, une mangue assassine, Alex décide de mettre son casque de vélo pour finir son casse-croûte en paix. Vincent lui, préfère placer le sien au niveau de son entre jambe. Chacun sa stratégie ! Et enfin, fidèle à lui-même, Côme entame une belle sieste, étalé dans toute sa longueur. Le terrain est miné mais pas de soucis pour Maître Sieste qui en a vu d’autres. 

Wolrd champion 2013 !!! Congrats

A la fin de la pause le bilan est mitigé et plutôt injuste. Alex s’est mangé deux mangues sur le casque (comme quoi il avait bien fait de le mettre). Vincent a eu peur mais s’en sort bien et Côme, lui, n’a même pas été réveillé par la dizaine de mangues tombées autour de lui sans le toucher. C’est carrément injuste mais au moins, il n’y a pas de blessé grave. Ainsi s’achève l’arrêt miammiam. Comme nous en avons pris l’habitude, nous faisons les 2/3 de la distance totale le matin et le reste en fin de journée. Les kilomètres post-déjeuners sont donc bien souvent une partie de plaisir. Il fait bon, la lumière magnifie le décor et le repos du soir à l’horizon est proche. Nous arrivons à Metoro à la tombée de la nuit et nous allons tenter notre chance dans une mission catholique brésilienne.  A première vue, les lieux sont déserts. A travers les vitres, nous voyons un immense dortoir qui compte une bonne cinquantaine de lits. Le paradis ! Le problème c’est que le sacerdote (le prêtre) qui finit par montrer le bout de son nez n’est pas très commode. Il nous dit que c’est n’est pas un hôtel et qu’il y a des guesthouse dans le village. Bin oui pardi, on sait bien sauf que c’est trop cher pour nous ! On ressort le fameux speech « on fait le tour du monde, on est fatigué, on n’a pas d’argent » et paf… ça marche pas ! Ah bon ?! Heureusement, la sœur du curé venu le visiter depuis le Brésil pour les vacances a pitié de nous et convainc petit frère de nous laisser planter la tente sur le terrain. Cette nuit-là, sous la protection du seigneur, nous dormons comme des petits anges…Sauf Côme qui trouve amusant de gâcher cette nuit mystique à se battre avec fourmis et cafards. Il fait ce qu’il veut de ses nuits après tout. On ne peut pas être fort en sieste et en nuit en plus !

Trop peace dans la mission chrétienne
Dimanche, jour du seigneur, nous quittons la mission pour une nouvelle : rejoindre la ville de Namapa avant la tombée de la nuit. Au total 85km que nous allons vite effacer de la carte. Le matin 55km puis pause boisson (« refresco » en portugais) dans un village. Ah oui, on doit aussi vous dire que depuis quelques jours, notre niveau de confort a pris un vilain coup. En effet, nous trouvons toujours des refrescos mais impossible d’en trouver des frais (« gelados »). Du coup ce sont des refrescos (Fanta, Coca..) mais ils sont chauds.  Sans rentrer dans plus de détails sur l’étymologie du terme refresco, je peux vous dire que ça nous fout un peu le seum de boire du Coca bouilli. Mais bon c’est comme ça ! Et puis le sucre qui donne l’énergie, lui, est toujours là. A 11h, une fois n’est pas coutume, c’est pique-nique. Et ce coup-ci on remplace les concombres par des oignons. Youpi trop stylé notre vie ! Côme, affamé, affirme qu’on pourrait ouvrir une boulangerie mozambicaine à Paris et que ça ferait un malheur ! Paroles d’un daleu trop saucé par son pauvre sandwich qu’il a attendu toute la matinée. Enfin il faut bien le dire c’est bien le premier pays où la qualité du pain égale notre patrie bien aimée. Pendant la pause déjeuner, Vincent qui a dû prendre un coup de chaud pète légèrement un plomb et, après s’être muni d’un long bout de bois, il s’élance torse nu (chaussée de ses fidèles sandales de curé et de chaussettes Quechua) en direction de la cinquantaine d’enfant curieux qui s’était agglutiné à 30 mètres de nous. La scène vaut son pesant de cacahuètes. Les pauvres enfants prennent les jambes à leur coup et on ne les reverra pas de sitôt. Vincent, premier guerrier Masai blanc !
A 15h30 on reprend la route qui est vraiment canon. Toutes les nuances de vert s’offrent à nous. Nous arrivons sur le pont du fleuve Lurio ou nous attend un spectacle rigolo. Les rives de ce fleuve c’est un peu le RDV des habitants de Namapa. On s’y baigne, on s’y rencontre et on y fait sa lessive. L’ambiance ou coucher du soleil est très sympa et on regrette de ne pas être arrivé plus tôt. Les gens commencent à partir et rejoignent le village situé à 5km en grimpant dans des gros camions bennes spécialement affrétés pour l’occasion, le spectacle vaut le détour. 

Lavomatic du coin

Arrivés à Namapa, nous trouvons refuge dans le « jardin » attenant à un « bar ». Le dueno (le chef en portugais) veut bien nous accueillir pour la nuit. Nous  nous endormons à la belle étoile sur le son de David Guetta. Ça change du Rap Mozambicains et ça fait du bien !
Dormir sous les étoiles ça creuse et à 5h du matin (on s’était couché à 20h en même temps), ça part en gros petit dej de forain qui va nous donner des forces pour cette nouvelle étape de 90km. Des brioches, des beignets, du thé… tout est là.  Enfin c’est le tout version Mozambique, faut pas non plus s’enflammer. Par exemple, il n’y a pas de nutos ! 

Lever du soleil sur notre bache 3 étoiles



Tahiti douche

45km plus loin il commence à faire faim et la route commence à être pesante. Des travaux, toujours des travaux encore des travaux. Oui, au Mozambique, la route goudronnée est un truc un peu nouveau qui a le vent en poupe. Tout le monde en construit partout, ce qui forme un sacré chantier. L’occasion de rencontrer des maitres d’œuvres portugais, brésiliens et…Chinois ! Oui oui ! Ah la Chine-Afrique ! Les capitaux chinois sont vraiment partout. Nous sommes aussi un peu interloqués par la présence d’une ou deux femmes sur chaque portion de chantier, dont le rôle est d’agiter un drapeau toute la journée sans aucun sens. En effet, elles le font qu’il y ait une voiture ou non. C’est quand même bizarre ce pays parfois. On se prend de la poussière dans les nasaux et l’odeur chaude de goudron est un peu étouffante. Vite un refresco pas frais ! Même pas. On en trouvera que 5km plus loin nous dis un ouvrier. Drôle de notion des distances. De 5km en 5km, notre Coca (pas frais), on le trouve 20km plus tard dans une petite baraca (petite échoppe) un peu dégarnie. Mais elle est où la cafeteria de tous ces hommes de chantiers. C’est inhumain ! Et puis, il était censé y avoir une grosse ville ici. C’est cette bonne vielle carte du Mozambique qui le dit ! Ouai c’est bon on arrête de râler, on ne va pas chipoter pour 25kil de différences. Bon en tout cas, il commence également à faire faim et il n’y a rien à se mettre sous la dent. Alex, désespéré, trouve un vieux paquet de pâtes perdu sur l’étagère d’une petite échoppe et s’invite dans une case pour demander à la Mama maison de nous le cuisiner. Poliment bien sûr ! 10min plus tard et moyennant une petite rémunération, le plat de nouille est servi. « Oula mais il n’y a qu’une portion là ! Moi je dis il y eu détournement de spaghetti là ! » Non Côme, c’est juste que le paquet ne faisait que 250g. La sieste avec le ventre qui gargouille n’est pas aussi bonne que de coutume. Le soir c’est avec une bonne grosse dalle que nous débarquons à Nacaroa. Et on est bien décidé à se venger. Côme achète 1.2kg de pates et demande à la patronne de la guesthouse de nous les faire cuire. Ce coup-ci c’est trop. Vincent, pris de suée après sa troisième assiette fait remarquer à ses deux amis que les régimes yoyos, ce n’est pas bon pour la santé. On vient cependant presque à bout du plat. On s’offre une bière et au lit.

En vrai ca avait l'air meilleur
Au petit dej le lendemain, la patronne nous ressort le reste de pâte de la veille. Aie, on ne va pas s’en sortir comme ça. Seul Côme a du cran et attaque la journée avec une assiette de pâte aux sardines (bin ouai, ici le pesto ça n’existe pas !). Ce matin, il nous semble que nous avons le vent dans le dos. Nous venons à bout de 70km avant de s’arrêter à Namialo pour un refresco frais et un bon Poulet Riz. En parlant de poulet, c’est étonnant, ce matin sur la route un mec à essayer de nous arrêter pour nous vendre des poules et un autre des lapins. Les mecs étaient sérieux en plus. Qu’est-ce qu’ils voulaient qu’on en fasse, qu’on le fixe sur le porte bagage ou qu’on le fasse courir derrière le vélo peut être ?. Ou peut-être imaginaientt-ils qu’on pourrait se faire une petite pause-café-lapin à 8h du mat. Bin oui quoi ! Bon bref, parfois les mozambicains ne sont pas les rois du buisness. Il y a du moins de grosses lacunes sur le ciblage marketing. Mais bon, on les aime bien quand même. 

Côme en pleine forme

Après la pause déjeuner, la fatigue nous oblige à nous arrêter juste à la sortie de la ville : sous un manguier pour changer. Nous sommes plus ou moins chez des gens qui nous apportent une paillasse afin que l’on se repose pleinement. La sieste est profonde mais le réveil difficile. Côme est fiévreux et Vincent demande à Alex : « A partir de quel stade est-ce qu’on peut dire qu’on a la tourista ? » Rien de bon en perspective. Alex qui se sent encore en pleine forme commence à flipper de rejoindre ses deux compères au pays de la patraquitude. En manipulant le vélo de Côme, Alex casse la béquille. Ce n’est pas de sa faute mais il s’en veut et décide donc de sacrifier sa dernière demi-heure de quiétude pour tenter de fixer la béquille qui ne tenait pas sur le vélo de Vincent (les cadres sont différents). Pas terrible mais ça devrait tenir un peu. On reprend la route tant bien que mal et 6km plus tard, la béquille se fait la malle et casse le galet du dérailleur de Côme ! Bon il est temps de s’arrêter, de toute façon Côme semble de moins en moins en état. Insolation, tourista ou  palu ?! On ne sait pas encore mais en tout cas, il faut se reposer. Alex qui semble encore épargné repart 6km en arrière à la recherche d’un galet de rechange.  Pas évident, il fait le tour de toutes les petites boutiques de la ville mais rien n’y fait, cette pièce de vélo est introuvable ici puisque les bicyclettes du coin, plus simples que les nôtres, n’ont pas cette pièce. Les experts du deux roues de Namialo sont unanimes : il faudra se rendre à Nampula, capitale de la province pour trouver le sésame. Pas de bol, ce n’est pas sur notre route. Enfin pas tout de suite du moins car on a prévu de faire un crochet à Ilha de Mozambique. Alex décide d’abandonner et d’aller annoncer la mauvaise nouvelle à ses compagnons de galère. Surgis alors de derrière les fagots un quidam à vélo. Mais attention, pas n’importe quel vélo. Contrairement à toutes les bicyclettes de la ville. Celle-ci dispose d’un dérailleur et Alex aperçoit la précieuse pièce. Il assaille le pauvre passant qui dit ne pas être le propriétaire et donc ne pas pouvoir prendre la décision de vendre la pièce. Alex insiste et lui fait appeler le propriétaire qui débarque 30min plus tard. La négo commence et Alex obtient ce qu’il veut pour 100 meticals, soit 3 euros. Ce n’est pas très bien de dépouiller les passants comme cela mais là, c’était cas de force majeur. La magouille aura duré plus de 2h et Alex rentre à la nuit tombée au campement improvisé sous le porche d’une école. Il pense fêter la victoire autour d’un bon diner et d’une grosse bouteille de Fanta mais ces deux heures d’absence ont fini d’achever Côme et Vincent qui à 18h sont déjà dans leur sac de couchage et n’ont même pas le cœur à diner. Bon, bin on fêtera ça demain !

Y'a des jours tu te reveilles et t'es pas de bonne humeur

Hélas les lendemains qui chantent ce n’est pas pour tout de suite. Au lever du soleil l’état de ce bon vieux Côme n’est pas rose. Une longue nuit de fièvre et de révolution intestinale l’ont empêchés de fermer l’œil et c’est dans une forme bien piteuse qu’il s’éveille et hisse le drapeau blanc. Sous l’œil inquiet de ses camarades  il décide que le mieux à faire est de se rendre directement à l’hosto de Ilha de Mocambique où nous avions l’intention de nous reposer pour quelques jours. Le plan est simple, Côme doit sauter dans le premier camion qui va à l’île pendant qu’Alex et Vincent sautent sur leurs bicyclettes pour parcourir rapidos les 90km qui les séparent de l’hôpital. 

Arrivée sur l'océan indien

90 km en 4h : on péte les plombs à l'arrivée


Aussitôt dit aussitôt fait nos trois compères se retrouvent devant la porte de l’hôpital à 11h et se mettent en quête d’un médecin pouvant examiner un Côme fièvreux. L’hôpital est tout à l’image d’Ilha de Mocambique, un vestige magnifique de la colonisation portugaise. 

La nouvelle demeure de Côme

Anciennement l’hôpital était un des seules de l’Afrique orientale (enfin y’a grave longtemps quand même) aujourd’hui il faut bien dire qu’il fait un peu peine à voir : quelques lits, des draps poussiéreux et du matériel pas comme dans Docteur House. Bref Vincent et Alex y laissent Côme avait un léger pincement au cœur. Ceci dit les médécins eux ont l’air d’être des pro et ça rassure. En trois minutes et un test le verdict tombe : palu. Bim ! On savait que le risque de le chopper était non négligeable mais bon ça fout un petit coup au moral quand même. Le médecin s’agite autour de Côme, injecte glucose et anti-malaria en intra-veineuse pour calmer la fièvre et prescrit du repos. Jackpot pour Côme qui gagne le droit de draguer les infirmières pendant deux jours à l’hôpital.

On vous jure il va mieux maintenant, il est à la plage même
 Pendant ce temps Alex et Vincent explorent l’île pour préparer le retour du malade. Il faut bien dire que l’endroit est splendide, les ruines coloniales se mélangent aux habitations des locaux, les maisons de pierres aux petites cases. Des petites ruelles sinueuses ouvrent sur de grandes places où se mêlent forteresses, églises, mosquées et bâtiments coloniaux. Il y a beaucoup de vie sur l’île et l’agitation est permanente mais il y a aussi pas mal d’air et d’espace. Voilà qui tranche avec nos cinq derniers jours où nous avons traversé des villes carrefours sales et sans âmes. Il régne ici une atmosphère qui plait tout de suite et qui appelle à un repos bien mérité. Et nous quand on nous appelle on accoure ! 

Les ruelles de Ilha do Mocambique

Bref Alex et Vincent se baladent et deviennent potes avec Atija une mama du quartier bien décidée à les remplumer à coup de riz aux haricots délicieux en improvisant un restau dans sa petite cour. Satisfaits Alex et Vincent décident de faire de la cour d’Atija leur QG et du riz délicieux leur arme pour les prochains midis à venir. Il y a des opportunités qu’il faut savoir saisir. Pendant ce temps-là Côme coule des heures difficiles à l’hopital et se bagarre sec avec la fièvre et un estomac qui fait sécession avec le reste de son corps.  Au petit matin la situation s’est nettement amélioré et le médecin l’autorise donc à retrouver ses copains (qui n’ont rien trouvé de mieux que de se gaver de riz les salauds !). C’est pas la forme olympique mais le moral de Côme connait une croissance inversement proportionnelle à sa fièvre. Le médecin nous l’assure, petit à petit il va se remettre sur pied. Ouf ! Nous soufflons un peu, quelques kilos sont partis dans la bataille mais le plus gros est derrière nous. Allez viens Côme on va manger chez Atija ! 


































1 commentaire:

  1. Effectivement Côme a une mine piteuse..
    Oncle Pierre

    RépondreSupprimer