Une première incursion en territoire Thaïlandais: de la frontière Cambodgienne à la frontière Laotienne, 650km en 5 jours...

     Nous vous avions donc laissés aux portes du Royaume de Siam. 5h, le réveil sonne. « Les gars, c’est l’heure de se tailler en Thaïlande ! » Comme toujours, la journée commence dans la bonne humeur ! Non, en vrai, aucune personne normalement constituée ne peut faire de tels jeux de mots pourris à 5h du mat… Nous enfilons nos shorts et nos baskets et mettons le cap sur la frontière. Mais passer du  Cambodge à la Thaïlande, ça se mérite… La frontière est nichée en haut d’une colline. Et même nos cuisses affutées par des mois de vadrouille dans les Andes ont du mal à nous mener au sommet. Oh, rien de très long… Mais quelle pente ! Nous sommes presque obligés de zigzaguer pour ne pas s’arrêter et dévaler la pente en arrière (cascade que l’on ne maîtrise toujours pas). Arrivés au sommet, Alex retire son t-shirt et l’essor pour en extraire le demi-litre de sueur accumulé. Le tout devant le douanier, quel toupet ! Précisons qu’il n’est alors que 7h du matin et que le mercure affiche déjà les 30 degrés ; « Au moins ! » rajoutera Alex qui a toujours chaud.

Alex, en eaux, à 7h du mat

    Notre tampon Thai en poche, nous remontons sur nos bicyclettes. Ici, on roule à gauche et nous ne le savions pas. Pour un peu, l’un d’entre nous aurait presque engueulé le premier automobiliste qui passait par là ! Mais bon,  nous sommes des gens civilisés et réfléchis : nous nous rabattons donc sur le côté gauche de la chaussée. Et quelle chaussée ! L’asphalte y est bien  noir, bien lisse, les bandes bien dessinées… Nous apprécions donc déjà un certain nombre de différence avec le Cambodge. Nous profitons de cette belle route qui nous ferait presque nous sentir de retour en Europe. Après 40km roulés nous nous arrêtons pour acheter une belle pastèque. Toute en finesse, nous sortons nos gros dollars qui étaient monnaie courante dans le pays voisin. Loupé, ici c’est le Bath (monnaie thaïlandaise) et seulement le Bath ! « Alors les touristes, vous êtes bien mignons mais vous allez voir ailleurs si la pastèque y est ! » croyons nous comprendre avec nos rudiments rudimentaires de Thai. Résultat des courses (enfin des « non courses » plutôt), nous devons parcourir 30km de plus pour atteindre une ville de taille décente où nous pourrons tirer de l’argent. C’est chose faite. Ensuite, nous atterrissons dans un petit resto de rue où, pour trois fois rien, nous nous rafraichissons d’eau glacé et de Coca-Cola et dévorons un gros plat de riz et de poulet rôti.

Nous faisons connaissance avec le roi du royaume de Thailande

    Suite à quoi, direction un petit square pour la sieste quotidienne. Mais Alex ne trouve pas le sommeil : son esprit reste troublé parce qu’il a vu quelques instants plus tôt, un supermarché ! « Allez les gars, moi je pars visiter… ! » 30 minutes plus tard, il revient de la caverne d’Ali baba avec 4 paquets de gâteaux et un gros gobelet de café glacé. Après un bref reporting fait à Côme et Vincent sur les prix et produits du magasin, la  décision est unanime : 7eleven, nom de cette fameuse chaine thaïlandaise, sera notre QG ! Nous poursuivons ensuite notre découverte de la Thaïlande. Nous trouvons ce pays très développé. Il est un peu à l’Asie du Sud-Est-ce que l’Afrique du Sud est à l’Afrique : ici des gros pick-up, là des superettes ouvertes 24h/24 où l’on trouve des grosses tireuses de Soda, là un KFC, ici une quatre voies … Ce n’est pas désagréable mais c’est tout de même moins pittoresque que le Cambodge. Il ne faudra donc pas hésiter à prendre les petites routes pour retrouver ces rizières que nous avons maintenant adoptées.

La Thailande, Happy Land d'Asie du sud est

      Le soir,  nous faisons étape à Si Sa Ket. Notre recherche d’hôtel nous amène à traverser un petit marché, très fréquenté en ce dimanche soir. Nous klaxonnons, zigzaguons pour nous frayer un chemin quand tout à coup, le temps s’arrête ! La foule s’immobilise net au son d’une musique, diffusée dans toute la ville. « Euh, qu’est-ce qu’ils font là ? C’est un Flash mob ?» Non non, c’est juste l’hymne national thaïlandais qui retentit, comme tous les jours, à la même heure. Du coup, on s’arrête aussi pour éviter de mettre les pieds dans le plat. En parlant de plat, le soir, au diner, Côme se met à pleurer… Oh ne vous inquiétez pas, rien de grave. Il a juste choisi la soupe la plus épicée de la carte : « Bah alors Côme, t’as le piment qui te monte au nez… ? » ricanent Vincent et Alex qui sont bien contents que Mister Spicy fasse un peu le moins le malin pour une fois. A 21h, nous nous endormons en repensant à cette journée pleine de découvertes.



     Lundi matin, 5h : le réveil sonne. Comme tous les matins, Vincent chante sur la musique du réveil matin. En Amérique du Sud c’était Grease, maintenant c’est Lemon Tree de Fools Garden. Dans tous les cas, l’interprétation matinale de Vincent n’est pas jojo ! Heureusement, il s’arrête assez vite de pousser la chansonnette lorsqu’il se souvient pourquoi il est là. « Ah putin, je veux pas faire de vélo ! ». Pendant ce temps-là, Côme répète infiniment la même phrase : « Allez debout les gars ! ». Sauf que lui, il reste couché… Et Alex ? Alors lui c’est encore un autre style. Déjà il faut le localiser. Il termine bien souvent sa nuit hors de la chambre, dans le couloir de l’hôtel, comme un clochard sur son tapis de sol. Motifs : trop chaud dans la chambre, attaque de moustiques, attaque de puces de lit… Du coup, c’est cool parce qu’il a toujours plein de trucs « captivants » à raconter sur sa nuit. « Tu sais Alex, sinon la nuit tu peux aussi faire comme nous… dormir ! »

En Thailande, les routes ont même des bornes kilométiques
     Bref, on se lève tant bien que mal et on décolle pour le petit-déjeuner. Devinez où ? Chez 7eleven. Quand je vous disais que c’était devenu notre QG ! Des petits biscuits, des yaourts et des bun (sortes de beignets farcis à la viande, spécialité d’Asie du Sud Est), de quoi faire le plein d’énergie pour la matinée. Et on en a bien besoin d’énergie car nos journées sont très riches en km. Nous ne disposons que de peu de temps en Asie et il y a plein de choses à voir ! Du coup, nous faisons entre 110 et 120km par jour. 70 le matin et 40 ou 50 l’aprem. En ce lundi midi, nous faisons notre pause à l’ombre d’une petite cabane resto, tenu par une très bonne cuisinière. Elle est très gentille, très souriante même si elle essaye de nous faire payer le double de l’addition. Ça fait partie du jeu ! Pendant cette pause, Vincent et Côme regardent Indiana Jones pendant qu’Alex essaye de rattraper sa nuit.  Vincent, qui se prend pour le héros de l’arche perdue tente de communiquer son enthousiasme à Alex en imitant le bruit et la gestuelle du lancer de lasso. «  Tatalata tatata, Tatalata tatatatata  ». Résultat mitigé sur Alex qui est un peu ronchonchon au réveil de la sieste.
Le soir, nous arrivons à Suwannaphum. Et le petit hôtel où nous atterrissons est d’ailleurs plus mignon que le nom de la ville. Des petits bungalows, des petits chats et des petits prix…Un peu excentré et très calme, c’est l’endroit parfait pour que Vincent nettoie son vélo, que Côme Facebooke en paix et qu’Alex passe un entretien. Un entretien ? Bin ouai, il prend son avenir en main le petit. En fait, il cherche un apprentissage pour l’année prochaine. Du coup, c’est en short/tongues et barbe de 30 jours qu’il se branche sur Skype. « Allez Alex, je te trouve très beau pour cet entretien. Moi je t’embauche direct » l’encourage Vincent. Affaire à suivre donc…

Alex et Vincent étudient méthodiquement la carte Michelin
A 5h, le lendemain matin, Alex fabule encore sur sa nuit.
« Eh les gars, vous avez entendu hier les prostituées qui sont venues racoler à notre porte ? Il y en avait une trop flippante, c’était un mec je crois ! »
« Oui c’est ça Alex… Après les puces de lit, les pu*es. Mais encore… »
Les matins s’enchainent et se ressemblent. Nous filons au supermarché ingurgiter notre petit dej et nous revoilà sur la route. Comme souvent le matin en Asie, Côme caracole en tête, il faut dire qu’il est en pleine forme en ce moment. Toujours devant et ne rechignant jamais à faire plus de km. « Venez les gars on fait les 230km qui nous séparent de Ventiane en une journée et le jour d’après on dort toute la journée » aurait-il proposé un matin. Vincent et Alex n’ont pas jugé bon de relever. Alors d’où lui vient cette forme olympique : du régime alimentaire 7eleven ou de sa sacoche en mois qui allège son vélo, sacoche oubliée au Vietnam par notre Jean de la lune national ?

Quand on vous disait qu'il était en forme le bougre...!

     Aujourd’hui il fait gris ce qui adoucie la température pour notre plus grand plaisir. Nous profitons de la beauté du paysage. La campagne thaïlandaise, ses rizières et ses petits foyers de feux propres à la culture sur brulis et qui dégagent une épaisse fumée au loin. Les odeurs et les paysages nous replongent par certains aspects sur les routes africaines. La faune elle aussi nous séduit : des petits serpents qui traversent la route, des chiens qui aboient sur notre passage et de belles têtes de bétails, béThai (désolé) tels que des buffles aux grandes oreilles qui donnent à ceux-ci un air idiot et très attendrissant. Et nous aimons aussi beaucoup le contact que nous avons avec les Thaïlandais. Il n’est pas rare de se faire arrêter par des automobilistes qui veulent prendre des photos avec nous.


Allez les gars, on sort notre plus beau sourire !

Vous remarquerez que les gars font plus d'efforts quand il s'agit de nanas...
   
      La Grande Echappée est donc heureuse mais La Grande Echappée a également tendance à s’ennuyer car le paysage ne change pas beaucoup. Heureusement que nos MP3 sont là ! Nous terminons cette nouvelle étape de 110km et quelques dans la ville de Yang Talat.




Nous non plus, on ne sait pas trop pourquoi Côme s'est foutu un drapeau français dans la bouche pour la photo...

     Un petit hôtel à l’entrée de la ville attire notre attention. L’endroit est charmant mais les prix un peu moins. Nous demandons donc à pouvoir dormir dehors. La patronne ricane mais elle est d’accord. Avec la tombée de la nuit, nous comprenons ce qui amusait la propriétaire : le domaine est bordé d’un étang et une horde de moustique mutants et belliqueux, piquant à travers les vêtements, fait son apparition. Nous ne pouvons pas dormir dehors, il faut trouver une solution. Hors de question de dormir sous la tente avec cette température ! On adresse nos inquiétudes à la patronne concernant les moustiques et celle-ci nous ouvre sur le champ une chambre grand luxe, climatisée : « Free for you, freeeeee ! » C’est le Jackpot pour la Grande Échappée qui va passer une des plus belles nuits du voyage. Au réveil, Vincent avait même chopé la crève. C’est pour vous donner une idée de la puissance de la clim ! Alex a lui dormi d'une seule traite et n'a rien à raconter au réveil. Vous vous rendez-compte !

T'as une tâche...!
Pas le temps de s'arrêter pour la photo...


Cool en toutes circonstances !
     Le mercredi passe à toute vitesse. Encore une journée qui défile à près de 25km/h. Plus on se rapproche du but, à savoir, de la frontière Laotienne, plus on accélère. La fatigue se fait ressentir. C’est difficile mais sur le vélo, on n’y pense pas trop car il y a toujours quelque chose à penser où à regarder. Aujourd’hui par exemple, nous traversons une région connue pour ses excavations de la période du Jurassique.
« T’as vu Vincent, les gros buissons taillés en forme de dinosaure ? »
« Euh non où ça… ? »
« Là-bas, faut ouvrir les yeux aussi ! »
« Bin je pourrais les ouvrir si on se levait pas à 5h du mat tous les jours ! »
Se lever tôt le matin permet aussi de côtoyer les petits bonzes qui eux aussi commencent leur journée à 5h. Nous les voyons déambuler dans les rues, en files indiennes (du plus grand au plus petit). Ils sillonnent les rues, se positionnent stratégiquement à l’entrée des 7eleven (les supermarchés pour ceux qui prennent l'article en cours) où ils échangent prières et bénédictions contre de la nourriture quelques baths. Ces moines bouddhiques en herbe sont bien sûr vêtus du célèbre Kesa, drap de couleur ocre facile à repérer mais apparemment bien difficile à se mettre sur le dos. On se plaint avec nos nœuds de cravates mais eux, il leur faut un mois pour apprendre à s’habiller tout seul ! Ces petits bonzes sont soit orphelins, soit issus de milieux défavorisés. Les moines s’occupent d’eux puis les bonzinets peuvent choisir de devenir eux-mêmes moines ou de rentrer au village répandre la parole de Bouddha.

Si on avait eu le temps, on aurait viré les fils électriques avec photoshop, veuillez svp faire abstraction...

     Après cette belle journée bien remplie en coups de pédales et routes de campagnes, n
ous arrivons, 120km plus loin, dans la charmante bourgade de Kumphawapi. Kumphawapi, ses singes qui se baladent sur les fils électriques, ses hôtels qui affichent des tarifs à l’heure et surtout son Tesco version Lotus, un supermarché géant qui dispose même d’un Food Court où nous avons passé la soirée. Soupes, riz, burgers KFC, cake à la banane : on avait faim et c’était bien !

Ce macaque ne blaguait pas du tout, le photographe a pris des risques...

Bah tu vois Alex, t'es pas le seul à prendre des coups de soleil...

     Jeudi 8 mai, ce n’est pas férié pour la Grande Echappée ! Pendant que vous vous la coulez douce en France, il y en a qui bossent bon sang ! Pour nous c’est direction Laos… Au programme, 120km de casi autoroute jusqu’à Ventiane, la capitale du Laos.
5h : le réveil sonne.
6h les coqs chantent et se foutent bien de la tronche des trois guignols qui se sont levés 1 heure avant eux.
7h : On a déjà fait 15km
9h : On fait la pause gâteaux et sodas. Certains (surtout Alex en fait) remettent de la crème solaire.

Tu vois Maman, tu peux être fière de toi, ton fils t'écoute !

11h : Au moins 80km au compteur, on cherche un endroit où manger.
15h30 : Après une longue pause faite de siestes, de mots fléchés et de déjeuners (on déjeune souvent 2 ou 3 fois pour être sûr…) on reprend la route pour les dernier km de la journée.
17h : passage de la frontière Laotienne démarquée par le pont qu’ils ont appelé « pont de l’amitié Thailando-Laotien  (pas sûr que ça se dise) »
18h : Ventiane nous voilà !

Le classique: mots fléchés pendant le déjeuner. 
     Le soir, c’est fatigué et heureux que nous allons manger dans le centre-ville et que nous dégustons notre première BeerLao. Excellente ! Nous sommes tellement crevés que ces 640 pauvres millilitres de ce doux breuvage suffisent à nous rendre pompette : Vincent dialogue avec le chat du resto, Côme veut décoller toutes les étiquettes de bouteille de bière pour les coller sur son vélo et Alex verse l’intégralité du pot de sauce pimentée sur son plat. Un carnage…Bon les gars, tout le monde au lit ! Et demain matin grasse matinée pour tout le monde !




4 commentaires:

  1. Salut les gars,

    depuis notre rencontre avant la frontière Cambodge/Vietnam, on prend plaisir à lire votre blog (qui fait bien souvent rire Sami, toute seule ) ... C'est sympa aussi de voir certaine similitude (le 7eleven en QG le matin, le paysage plus monotone en Thailande, ... )

    Tout ça pour vous dire qu'il y a un super resto belge à Vientiane, alors hésitez pas :)

    Pour nous, le vélo c'est finit, ils sont bien arrivé dans notre petit village de Belgique. En attendant, ça fait 10 jours qu'on visite le Nord du Vietnam avec nos parents.

    Parents qui seraient très heureux de vous accueillir chez nous, si vous décidez d'y passer (Vincent a d'ailleurs déjà été, de notre village à Paris à vélo, il pourrait vous conseiller, car c'est très joli).

    A bientôt, bon amus' au Laos

    Sami et Vincent
    http://etsionpartait.be

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    1. Merci beaucoup pour votre message ! Nous sommes donc au Laos avant de repartir au nord de la Thailande (probablement avec le bateau que vous nous avez conseille d ailleurs), cap sur Luang Prabang

      Profitez bien de vos vacances au Vietnam, on passera avec plaisir pres de chez vous a notre retour en Europe !

      Vincent, Alex et Come

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  2. "Vincent dialogue avec le chat du resto, Côme veut décoller toutes les étiquettes de bouteille de bière pour les coller sur son vélo et Alex verse l’intégralité du pot de sauce pimentée sur son plat". On se croirait dans l'Apurimac, vous êtes juste parfaits les gars !

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  3. J'ai l'impression que vous habitez souvent de gîtes sordides..
    Tonton Pierre

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