Nous voilà donc à
Salta où nous avons décidé de marquer le coup et de prendre 2 jours de repos.
2000km en moins de 3 semaines ça fatigue et ça se fête. Le samedi soir, après
une petite douche réparatrice dans l’auberge de jeunesse où nous avons élu
domicile, nous prenons vite les choses en main pour passer une bonne
soirée ! Un saut au supermarché, une petite dizaine de litres de bière et 1 kilo 500 de viande à faire
griller à la parilla. Toutefois, dans ce pays, pouvoir disposer du barbecue
commun d’une auberge demande beaucoup de patience. Trois Argentins nous ont devancés
et là, autant vous dire qu’il a fallu attendre. Ici le barbecue est une
tradition, bien plus : une institution ! Il faut faire chauffer les
braises pendant une bonne heure ! Pourquoi donc ? Pour bien saisir la
viande certainement ? C’est ce que nous pensions. Pas du tout ! Au
moment crucial de mettre la viande sur la grille brulante, nos professionnels
de l’asado (barbecue en espagnol) jugent bon de relever la grille 1 bon mètre au-dessus du feu. Certes, on en rajoute
un peu mais leur cuisson ultra lente nous a un peu rendus fous :
« Mais ça va être trop cuit là les gars !» C’était limite plus long
qu’un méchoui et il était bien 1h du
matin qu’en nous avons enfin pu cuire et déguster nos bons steaks :
saignants, à la française, bien entendu. Ouah ! Les quelques bières
ingurgitées pour patienter magnifient cette expérience gustative ! Tellement
que le lendemain soir et le surlendemain soir, nous répèterons l’opération !
De quoi faire le plein de protéine et profiter un peu des richesses du pays. Ça
change des knakis dans les sandwichs. La soirée bat son plein et nous
rencontrons des suisses, des allemands et bien entendu, des français. Le
lendemain, nous émergeons difficilement vers 15h. C’est l’heure des réparations
diverses, de l’envoi de cartes postales, de la publication du blog et des
lessives… En parlant de lessive, un petit coup de savonnette sur nos vêtements
n’est point du luxe : Dans le dortoir, un de nos colocataires sort son
déodorant Axe et asperge généreusement nos sacoches. Euh…Comment doit-on le
prendre ? Ce n’est pas très sympa mais c’est compréhensible. Le lundi est
plus actif et nous profitons enfin de cette belle ville surnommée Salta la Linda.
Sa plaza 9 de Julio et ses spectacles de rue, sa cathédrale néobaroque de toute
beauté, ses petites ruelles, ses squares et son Cerro San Bernardo, une
montagne dominant la ville que seul l’un de nous a eu le courage d’escalader.
« Les jours de repos, ça n’est pas
fait pour se coltiner 1500 marches d’escalier à grimper » estiment les
deux autres. Lundi soir, il est temps de remballer nos petites affaires.
Malheureusement, le short Dakine de Vincent manque à l’appel (tout comme deux
de ses supers t-shirts anti-transpirants kalenji). Et ce short, c’est un peu
l’élément le plus important de notre garde-robe. On le met tous les jours et on
ne le lave que tous les 3 semaines (berck). Autant vous dire que Vincent
reprend la route assez énervé, jurant de
bien ouvrir l’œil sur la route les jours suivants au cas où le voleur serait
encore dans les parages. « Vincent, si tu veux je te prête mon super
cuissard » lance Côme pour essayer de détendre l’atmosphère.
Mardi, nous
reprenons la route vers le Nord. Nous grimpons à quelques 2000 mètres avant de
profiter d’une descente magnifique dans une végétation tropicale. Il paraitrait
même que les chanceux peuvent y apercevoir des Jaguars. Bin nous on a vu des
vaches, des cochons et des ânes et c’est déjà pas mal ! Nous faisons la
pause déj au Yachting club de Jujuy.
L’endroit ne porte d’ailleurs pas très bien son nom. Il y a bien un lac mais
pas de bateaux. Nous notons simplement la présence d’un kéké qui est venu
essayer sa nouvelle moto cross ainsi qu’un groupe de petits caniches teigneux
qui perturbent sérieusement notre sieste journalière. L’un deux a même marqué
son territoire sur une sacoche d’Alex. Pendant qu’Alex qui manque de sommeil
grogne : « je te jure je vais lui mettre un coup d’opinel »,
Vincent et Côme font un plouf dans la piscine. Quelques dizaines de km plus
tard, nous arrivons sur la place centrale de Jujuy, capitale de la région. Des
hauts parleurs diffusent la messe en Espagnol tandis qu’Alex jure et répare son
pneu qui a encore crevé. Ce n’était pas sa journée. Ce n’est d’ailleurs la
journée de personne. Le soir il se met à pleuvoir abondamment sur le village de
Reyes où nous faisons escale après plusieurs km roulés de nuit. Ce soir-là,
l’essorage de pates se révèle bien inutile et ce sont bien des coquillettes à
l’eau que nous dégustons (photo à l’appui).
Soupe à la grimace, nouvelle recette ! |
Le lendemain, le réveil est un peu humide. Heureusement, nous nous réchauffons bien vite avec une nouvelle ascension. Figurez-vous qu’il y a pas mal de montagnes dans la région ! Arrivés au sommet, nous faisons une pause et nous retrouvons des françaises rencontrées à l’auberge de jeunesse. Elles ont loué une voiture et vont un peu plus vite que nous. Elles nous offrent quelques gorgées d’eau fraiche, un luxe que l’on a du mal à avoir sur nos bicyclettes. Une petite descente plus loin nous arrivons au village de Volcan (aaah c’est pour ça la chaleur !) puis à Tumaya où nous retrouvons le plaisir d’une pause dej très paisible et réparatrice.
Maman, ferme les yeux ! |
L’après-midi, la route est grandiose, nous
alternons montées et descentes dans une vallée fertile entourée de montagnes
rocailleuses. Le soir, arrivés au village touristique de Tilcara, comme à notre
habitude, nous demandons à crécher chez les pompiers volontaires de la ville.
Ici, cela se résume à un petit local donnant sur un petit square et à un unique
pompier qui nous demande une compensation pécuniaire de 10 pesos par personne.
Ah ! Payer : on n’est pas habitué ! En même temps, il s’agit
d’un lieu touristique plein d’auberges de jeunesse et d’hostales. Notre Bombero
a bien compris qu’il y avait un business à développer. On s’en sort avec 20
pesos pour trois. 20 minutes plus tard débarquent trois roots argentins, bien
plus roots que nous d’ailleurs. Eux aussi connaissent les bons plans de grosses
pinces (ou de fauchés, c’est selon) et
ils viennent demander logis chez les pompiers. Même tarif ! Notre
aubergiste est assez étonnant, la bouche pleine de feuilles de coca, on ne
comprend pas bien ce qu’il baragouine. D’ailleurs, en plus d’altérer sa
diction, ces feuilles affectent également ses fonctions cognitives :
lorsque qu’une collègue débarque, voulant masquer le petit business « d’hôtellerie » non déclaré, il juge tout à fait crédible de
dire que nous sommes des pompiers venus d’Équateur et qu’il nous accueille par
solidarité. Mais bien sûr ! C’est
sur on a vraiment la tête (et l’accent) de l’emploi. Nous avons bien rigolé, sa
collègue également !
"le monde entier, est un cactus" |
Jeudi matin, nous
partageons un café avec nos compagnons de la nuit. Ces derniers voyagent sans
date de retour, vont de ville en ville en skateboard et en auto-stop et vivotent jours après jours en vendant des
petits objets artisanaux. Très différents de nous finalement ce qui rend la
conversation encore plus intéressante. Il est ensuite temps de reprendre la
route magnifique de la veille que nous redécouvrons avec une nouvelle lumière.
Nous faisons une brève halte à Humahuaca, un village typiquement andin mais
également typiquement très touristique. Nous rencontrons même un de nos pairs
cyclotouriste français prénommé Georges. Georges, la quarantaine, ancien
boucher charcutier fait un break dans sa carrière et voyage en Amérique du Sud
avec 3 appareils photos dans les sacoches. Il nous rappelle par bien des
aspects ce bon vieux François, septuagénaire rencontré dans nos Landes
Françaises. Le temps d’échanger un peu sur nos itinéraires puis nous nous
disons au revoir. Nous allons déjeuner, au calme, 10km plus loin. Nous atterrissons
sous le préau d’une école abandonnée en cette période de vacances scolaires.
Pas un chat mais pas mal de chèvres.
Nous commençons à ressentir un certain
malaise du fait de l’altitude. Nous avons des feuilles de Coca sensées atténuer
les effets du mal des montagnes mais on n’a pas envie de finir comme le pompier
de la veille. Donc on s’abstient. En plus, à ce qu’il parait, ça déforme la
bouche et ça rend les dents vertes. Non merci ! Alex a donc un peu mal à la tête, Vincent est
fatigué et Côme, tout étourdi renverse sa portion de yaourt sur son pull. Il
nous reste 60km à parcourir, il est 17h30 et nous ne sommes toujours pas
repartis. Ah les bras cassés ! 20km plus loin, une pluie battante nous
oblige à nous réfugier dans un Santuario de San Gil, petit abris de montagne
pour les voyageurs. Des bougies y sont allumées et nous réchauffent. A près de
3500 mètres d’altitude, l’un d’entre nous découvre aussi les joies des dégâts
intestinaux causés par tant d’effort à haute altitude. Il fait donc un certain
nombre d’allers retours dans les buissons. Notre vie n’est pas simple tous les
jours ! A 21h, nous arrivons enfin au village de Tres Cruces, perché à 3600
mètres. Il pleut, la température ne dépasse pas les 10 degrés et les ruelles
sont désertes. Par chance nous tombons sur deux jeunes Tres Cucessois qui
trainent sur un banc abrité. Ils acceptent de nous accueillir chez eux. Jackpot !
Nous avons un garage pour passer la nuit
où nous pouvons faire sécher nos affaires et nous réchauffer. Nous partageons
le diner et quelques verres de coca avec Fernando et Kévin. Oui oui
Kévin ! Bin ce n’est pas trop un prénom argentin mais c’est parce c’est
juste un surnom, son blaze si vous voulez ! Son vrai nom c’est Karim… Ah
bon !?. Allez comprendre…
Ce bon vieux fernando |
Vendredi, la
journée est sans difficulté. Nous avons monté la veille, il est temps de
redescendre. Nous roulons donc sans pédaler jusqu’à Abra Pampa où nous faisons
les courses et retrouvons à nouveau des français rencontrés à l’auberge de
Salta. Nous ne sommes pas si lents que ça à vélo finalement. Ça fait plaisir !
Après avoir déjeuné, alors que nous nous apprêtons à entamer la sieste, nous
remarquons qu’un orage approche et que le vent
souffle pour une fois dans le sens de notre progression. « Eh les
gars ! Vous ne pensez pas que pour une fois on pourrait arrêter d’être
cons et reprendre la route maintenant
avant de se faire tremper et que le vent ne tourne ?! » Ah
ouai pas bête ! Nous saisissons cette belle opportunité qui nous fait
faire 50km en 2h à peine et nous envoie tout droit à Quiaca, ville frontière
avec la Bolivie. Nous ne sommes ni trempés, ni fatigués. Pour une fois, nous
n’avons pas été trop bêtes et nous ne sommes pas mécontents. Nous atterrissons
au « camping » municipal qui est en réalité un squatte gratuit
ouverts à tous les voyageurs. Il n’y a ni toilettes, ni douches mais simplement
un robinet et un espace couvert. Nous nous endormons paisiblement sur le son
des guitares et percutions. Nos colocataires de la nuit se lancent en effet dans un concerto endiablé et
interprètent avec beaucoup de talent le répertoire des chansons populaires
Espagnols et Latino-Américaines : Manu Chao, La Mona Jiménez, Janett,
Calle 13…Nous ne participons pas car il nous faut prendre de l’énergie. Le
lendemain est un grand jour : après 2500 km, nous quittons l’Argentine
pour la Bolivie.
Lost in the Pampa |
Le passage de
frontière se passe bien. C’est l’occasion de ressortir nos passeports et de faire
nos petits commentaires sur les tampons des différents pays que nous avons
traversés. C’est un moment propice à la prise de conscience sur le chemin déjà
parcouru. Aussitôt de l’autre côté, Vincent va changer nos derniers pesos
contre des bolivianos tandis qu’Alex s’empresse de trouver une nouvelle carte
sim bolivienne pour communiquer avec sa chérie. Il commence d’ailleurs à avoir
une bonne collection de cartes et une certaine expertise sur la téléphonie
mobile internationale : Yoigo, Mcel, Vodacom, Movistar, Tigo…. Tu ne peux
pas test ! Le contraste entre les deux pays n’est pas flagrant pour le
moment. On remarque simplement la tenue vestimentaire traditionnelle des femmes
bolivienne (pas franchement hyper sexy) et les voitures de taxis customisées
Sparco, Booze, Nitro… Peut-être ont-ils étaient influencés par la récente
arrivée du Dakar en Bolivie. Quoi qu’il en soit, ils se prennent tous pour des
pilotes. Nous nous mettons comme objectif du jour d’atteindre la ville de
Tupiza, située à70km de la frontière. Nous entamons l’aventure à 13h et 40km
plus loin, nous n’avons toujours pas trouvé quoi que ce soit à nous mettre sous
la dent. « A 3km vous allez trouver un resto de routier » nous dit
une passante. « Encore une petite montée et vous y êtes » affirme le
chauffeur d’une camionnette en nous offrant trois morceaux de pains. 10km plus
loin c’est le ventre archi vide et le sentiment que les boliviens ne sont pas
très bons en estimation kilométrique que nous atteignons le petit resto
improvisé de Arenales. « Je vais lui faire faire ces 3 km à vélo à la meuf
là, elle va mettre trois heures et elle arrêtera de dire des
conneries ! » Bah ouai quand on a faim on ne devient pas très
fréquentable. C’est tout de même avec plaisir que nous découvrons qu’en passant
la frontière, nous sommes devenus riche. Nous mangeons comme des rois pour à
peine 2 euros chacun. Puis il est temps
de repartir, si les boliviens ne sont pas très fiables « kilométriquement
parlant », notre carte routière non plus : l’étape ne fait pas 70km
mais 100. Mais la route est magnifique ce qui nous apaise. Nous traversons des
gorges magnifiques, des petites rivières et des petits villages où les
habitants nous encouragent. Sympas ces boliviens !
Le soir, arrivés à
Tupiza, nous mangeons dans un petit stand de rue très bon marché. « Alors
les gars, la Bolivie ? » Et bin c’est grave cool, on va pouvoir
s’éclater le bide. Nous partons ensuite jeter nos matelas de sol derrière la
station-service de la ville (as usual). Vincent et Côme plantent la tente et
Alex qui ce soir a la flemme dort sous
un camion-citerne pour se protéger de la pluie. Bien dormi Alex ? « Il
y a des chiens qui sont venus me renifler toute la nuit ! J’aime pas les
chiens ! » Bon, voilà un
dimanche qui commence dans la bonne humeur. Un petit dej vite enfilé, c’est la
fleur au fusil que nous entamons notre première piste de terre bolivienne qui
doit nous mener 100km plus loin à la ville d’Atocha, le soir même. C’est une longue
étape pour de la piste mais ce n’est pas impossible pensons-nous naïvement. A
la sortie du village de Tupiza, nous quittons donc la route asphaltée pour
emprunter cette fameuse piste. A l’entrée, un panneau indicateur :
Atocha =100km, Uyuni=200km. Les premiers kilomètres sont très agréables.
Nous nous arrêtons tous les km pour faire des photos, filmer et commenter le
paysage.
A priori, une piste tranquille, disaient-ils.... |
Tout va donc très bien sauf que 2h plus tard (il est déjà 13h), nous n’avons
parcouru que 20km. Le calcul est donc vite fait, nous faisons du 10km/heure, le
tout sur du plat. Pas terrible donc ! D’autant plus que de très belles
montagnes commencent à se profiler. Normal, me direz-vous, c’est quand même la
cordillère des Andes ! De plus un passant nous avait bien indiqué qu’il
devait avoir de la montée sur les 40 premiers km. La montée la voilà
donc ! Et elle s’annonce très difficile : il fait chaud, la pente est
très rude et les pierres de la piste ont tendance à nous déséquilibrer. Au loin
un lacet qui s’enfonce derrière la montagne et qui semble être le dernier. A
cinq reprises au moins, nous pensons en être venus à bout. Mais une nouvelle
montagne surgit à chaque fois, c’est interminable. Vincent sort l’altimètre que
son frère lui a offert pour Noel : « Alex ! File-moi l’appareil,
je vais prendre une photo de l’écran pour montrer à mon frangin qu’on n’est pas
des rigolos ! » . 3992 mètres à l’écran. Pas mal mais peut faire
mieux ! Ça tombe bien, ce n’est pas fini, c’est même loin d’être
fini ! Mais le souffle nous manque. Alex et Côme sont tout blancs, Vincent
qui lui est plus en forme ce jour-là est
tout rouge.
J'en connais un qui a le moral dans les chaussettes |
Nous faisons une petite pause pomme quand un motard (une moto cross
bien entendu) s’arrête à notre hauteur.
« Where do you guys come from ? ». Si nous nous sommes français,
il n’y a pas de doute, lui vient des US. Lui aussi voyage en Amérique du Sud
mais avec un moteur en plus. Nous l’interrogeons sur la suite du parcours.
« Flat or down » nous répond-il d’un ton assuré. Le même ton sur
lequel il nous affirme qu’Atocha se trouve à 50km. « Il s’est bien foutu
de notre gueule le ricain » pestons nous quelques 20km plus loin quand nous
sommes encore à enchainer les cols à 4000 mètres et que les bornes
kilométriques infirment largement ses indications. Nous râlons bien plus que
nous avançons. A 16h30, il faut se rendre à l’évidence, il nous reste entre 60
et 70 km à parcourir nous n’avons
toujours pas déjeuné. Alors à moins que d’un seul coup surgisse une descente
qui nous mène tout droit à destination, nous allons avoir beaucoup de mal à
venir à bout de l’étape avant 11h du soir. Quoi qu’il en soit, nous sortons le
réchaud et un petit kilo de pates. Il faut reprendre des forces. Côme n’est pas
très en forme et manque d’appétit. Alex s’occupe donc de finir son assiette. Il
n’en manque pas une celui-là ! Le déjeuner est silencieux et le moral
n’est pas là. Seuls quelques jolis lamas et leurs petits nous redonnent un peu
de baume au cœur. Quand, à 17h30, nous voulons reprendre la route, Côme
s’aperçoit que son vélo est encore plus crevé que lui !
Como te LLamas ? |
Nous changeons
donc la roue avant et attaquons l’ascension d’une nième montagne. La Cordillère
des Andes c’est une chaine de montagnes. Du coup « montagnes » est au
pluriel et il y en a plusieurs. Nous n’y avions pas trop pensé en démarrant
cette journée. C’est en tout cas une bonne leçon : en Bolivie tu ne te
fais pas des étapes de 100 km les doigts dans le nez. A 19h, nous sommes dans
les nuages à 4100 mètres, la nuit tombe petit à petit tandis que la température
chute considérablement. Un panneau indique Atocha à 53km. Même si la suite de
l’étape est censée être plate, nous ne la finirons pas aujourd’hui : Trop
froid, trop dangereux. Par chance, nous arrivons, au sommet d’une crête, à un minuscule hameau de trois ou quatre
constructions parmi lesquelles nous identifions une niche, un enclos à Lama et
une petite maisonnette où vit une famille. Nous demandons à cette famille s’il
est possible de passer la nuit ici. La mère, prénommée Philomène est très
gentille et elle nous ouvre une cabane suffisamment grande pour que nous
puissions tenir avec nos vélos. Elle nous protégera de la pluie et surtout du
froid glacial qui est tombée sur la montagne. Nous nous endormons très tôt,
épuisés mais heureux de passer la nuit en pleine montagne, au milieu de nulle
part.
Un peu le Château de Versailles pour nous ce soir là |
La bande des caïds des Andes |
8h30 : l’un
des 4 fils de Philomène ouvre notre
tanière pour nous réveiller. Eux se lèvent à 5h, pas de raison que ces gros
fainéants de cyclistes fassent la grasse matinée. Il pleut, nous n’avons pas
grand-chose à déjeuner et la perspective de cette nouvelle journée ne nous ravit pas.
Néanmoins, les petites bouilles de ces 4 garçons nous redonnent le moral. Ils
ont des casquettes Dakar sur la tête et nous racontent que la course est
justement passée sur cette route. Mais seulement les motos. Trop étroit et dangereux
pour les voitures ou les camions ! L’un des quatre petits essaye de nous
impressionner en faisant des accélérations avec son petit vélo sans pneus. Il
nous attendrit. A 10h30, nous quittons nos petits camarades sous la pluie en
espérant voir bientôt apparaitre cette longue surface plate dont on nous a
parlée.
Avec une sucette dans la bouche tu vas pas aller loin petit! |
Celle-ci ne survient que sur les 20 derniers kilomètres. Avant
cela, nous devons encore venir à bout
d’un certain nombre de cols. C’est décidé, la prochaine fois nous nous
renseignerons mieux sur le relief. On demandera à plusieurs personnes et on
fera une série d’échantillonnage statistique pour être bien sûr se promet
Vincent. Le paysage est quant à lui à la
hauteur de nos attentes. Des montagnes à perte de vue dont certains sommets
enneigés à 6000 mètres, une végétation
étonnante et très changeante aux détours des versants et des crêtes. Puis après
cette dernière montée qui fait mal partout, une descente très raide puis une
ville qui surgit de nulle part : Atocha ! Ça y est nous y sommes.
Nous nous ruons sur le premier resto venu et engloutissons chacun deux plats de
patate, riz, escalope ainsi qu’un grand Coca (la boisson !). Un petit
garçon du village qui se demande bien ce qu’on fout là vient nous demander si on fait le Dakar. Il
est mignon lui mais faut pas tout confondre : on en a chié, nous !
On a hésité a aller pisser 12 mètres plus haut, on aime les chiffres ronds! |
Le lendemain matin,
c’est avec pas mal de motivation et une touche d’appréhension que l’on
s’apprête à effacer les 100 derniers kilomètres nous séparant d’Uyuni. En
effet, la veille, des habitants nous ont
indiqué qu’une rivière nous empêcherait certainement de passer. Nous voulons
cependant tenter notre chance. A 8h, nous nous rendons donc à la banque pour
tirer de l’argent. En effet, nous sommes à sec et il nous faut faire des
provisions de vivres pour cette longue journée qui s’annonce. Petit hic :
pas de distributeur dans cette ville qui ne dispose pas de connexion réseau
pour faire marcher les cartes bleues. « Euh, on est un peu dans la merde
là non ? » Bin ouai pas mal ! D’autant plus que nous sommes des
individus endettés. L’orage de la veille nous a obligés à prendre une petite
chambre et la note reste à payer. Plusieurs « solutions » s’offrent à
nous :
-Un virement bancaire : bin il n’y a pas vraiment internet non plus et puis ce n’est pas certain qu’on trouve un mec avec un RIB ici.
- Mendier : on y a pensé !
- Filer à l’anglaise et parcourir 100km avec pour seul provision un sachet de cacahuètes de 30g : pas génial !
Nous décidons d’opter pour une quatrième solution. Prendre un des 2 bus journaliers qui se rendent à Uyuni en demandant une avance d’argent au chauffeur. Bingo, ça marche, nous chargeons nos vélos sur le toit et nous voilà partis ! C’est donc le ventre vide mais les fesses « confortablement » installées sur des fauteuils que nous voyons défiler le paysage jusqu’à Uyuni. 4h plus tard et deux rivières traversées, nous arrivons à bon port, un peu frustrés d’avoir eu recours à ce moyen de transport mais soulagés.
-Un virement bancaire : bin il n’y a pas vraiment internet non plus et puis ce n’est pas certain qu’on trouve un mec avec un RIB ici.
- Mendier : on y a pensé !
- Filer à l’anglaise et parcourir 100km avec pour seul provision un sachet de cacahuètes de 30g : pas génial !
Nous décidons d’opter pour une quatrième solution. Prendre un des 2 bus journaliers qui se rendent à Uyuni en demandant une avance d’argent au chauffeur. Bingo, ça marche, nous chargeons nos vélos sur le toit et nous voilà partis ! C’est donc le ventre vide mais les fesses « confortablement » installées sur des fauteuils que nous voyons défiler le paysage jusqu’à Uyuni. 4h plus tard et deux rivières traversées, nous arrivons à bon port, un peu frustrés d’avoir eu recours à ce moyen de transport mais soulagés.
Sur la route des motards du Dakar |
Salut, cousin Vincent. Je vous ai perdu qq semaines depuis l'Afrique (qui est bonne hôtesse), mais je viens de rattraper l'Argentine et le début de la Bolivie d'un seul coup! Du coup j'ai des envies furieuses de viande grillée. Hélas, ce soir je devrai sans doute me contenter de knakis, Nadine n'étant pas là, et Valentin et moi du genre feignants pour la cuisine...Vos aventures nous font rêver, même si vous habitez des gîtes sordides (ces petit camps ne sont d'ailleurs pas désagréable à la longue et ces matelas conviennent bien à vos chambres). Biz de Tonton
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