Pilgrim's rest - Johannesburg: La nation arc-en-ciel

Ca y est ! Nous sommes à Johannesburg ! Après près de 3700km notre périple africain touche à sa fin. Les derniers coups de pédales ont été donnés à travers Johannesburg et sa banlieue. A l’heure où nous écrivons ces lignes nous sommes propres comme des sous neufs, les pieds bien au chaud dans un bon lit et nous observons la pluie d’un n-ième monstrueux orage sud-africain tomber à travers la fenêtre. C’est donc bien évidemment l’occasion pour nous de revenir sur cette dernière semaine de voyage. Aux dernières nouvelles nous prenions l’eau dans le petit bled des chercheurs d’or de Pilgrim’s Rest. Les montagnes grisailleuses nous avaient usé les rotules et nous nous efforcions de faire sécher nos petits corps endoloris et nos sous-vêtements. Bref ce matin-là nous quittons Pilgrim et c’est avec plaisir que nous constatons qu’il ne pleut pas. Après quelques centaines de mètres nous entamons la montée du « Robbers pass », le col des voleurs. Ca grimpe sec sur les premiers lacets et les innombrables tartines de beurre de cacahuètes avalées au petit déj semblent peser des tonnes. Pour le coup, on l’a pas volé ! Une dizaine de kilomètres et autant de litres de sueur perdus plus tard nous atteignons le sommet. Et miracle ! Ces montagnes à qui nous faisons la cours depuis tant de jours se décident enfin à nous dévoiler leurs charmes. Les nuages s’écartent et nous laissent entrevoir un panorama magnifique. Les collines verdoyantes traversées par des barres de rochers nous rappellent notre Auvergne et contrastent avec un ciel enfin bleu azur. 



Il fait beau, Alex est heureux

Nous sommes un peu fatigués mais heureux et Alex surement rendu poète par le paysage nous déclare le regard perdu dans les montagnes « c’est joli le bruit de la nature quand même… ». S’ensuit la descente du col jusqu’à la ville de Lydenburg. Nous glissons sur cette route superbe avec un doux soleil qui nous réchauffe la couenne. Gros kif ! Et comme un bonheur n’arrive jamais seul à l’arrivée à Lydenburg un white farmer nous accoste et nous invite à passer la nuit chez lui. Nous sommes censés le retrouver quelques minutes plus tard devant un supermarché. Nous attendons donc 5, 10, 15, 20 minutes. Bé ou qu’il est ? 1h plus tard nous commençons à soupçonner un lapin. Seul Côme optimiste contre vents et marées propose des théories de plus en plus hardies « Non mais je suis sûr qu’il est allé chercher un camion pour nos vélos et puis qu’il a fait un détour pour acheter des bières et puis il doit lancer le barbecue ça prend du temps… ». Vexés nous finissons par quitter Lydenburg et plantons la tente dans un camping trois étoiles dans la cambrousse. Les employées séduites par la verve et le sourire légendaire d’Alex nous y accueillent en effet pour pas un rond. Au programme piscine couverte, barbecue de compét et douche chaude. 

LA Grande Echappée, pas trop à son avantage

Le marabou des saucisses!

Nous fonçons le lendemain vers la petite ville de Dullstroom perchées à 2000m d’altitude. Pas de col aujourd’hui mais une route qui vallonne comme une barre de Toblerone. Décidément même après 5000km de vélo, une montée reste une montée. Dullstroom est une charmante petite ville touristique point de départ de nombreuses randonnées. Il y fait bon vivre. De là nous surplombons le plateau du Gauteng sur lequel se niche Johannesburg à près de 1700m de haut. Le grand air nous fait du bien mais dès le lendemain nous sommes contraints de quitter ces montagnes pour mettre le cap droit sur Johannesburg. Nous redescendons vers le plateau et changeons de paysages. Des grands champs tout partout nous encerclent et nous traversons quelques villes sans charme (il faut bien dire que les villes sudafricaines ont rarement un charme fou).

La suée en haut du col, un classique


Côme, de retour dans le Game!

 Quelques 100km plus tard nous atterrissons à Middleburg un gros patelin dont l’intérêt principal semble la densité de fast-food au mètre carré. Nous y trainaillons dans le parc en centre-ville et faisons la connaissance d’une bonne partie des dealers du coin. Peu avant un policier bien mal embouché avait trouvé malin de procéder à l’interrogatoire et à la fouille complète d’un Côme qui attendait dans la rue ses compères partis aux courses. Bref la ville ne nous fait pas une impression folle et nous nous retranchons au McDo, dernier rempart contre la barbarie. Et comme toujours c’est à ce moment que nous faisons une rencontre qui nous fait changer d’avis et voir la vie du bon côté. Middleburg ne faisant pas exception à la règle nous découvrons Cronjé et Ria, un couple de sudaf sexagénaires qui nous propose son jardin pour y planter la tente. Cronjé ne manque d’ailleurs pas de nous rappeler que ces ancêtres d’il y a quelques centaines d’années étaient en partie français. Il faut bien s’entraider entre compatriotes ! Nous débarquons chez eux et de fil en aiguille nous glanons une douche chaude, un bon repas, et une place dans leur salon pour nos matelas. C’est aussi l’occasion pour nous de discuter un peu. Nous sommes bien contents de constater que nos hôtes ont envie de nous raconter plein de choses sur l’Afrique du Sud. Nous passons en revue les questions classiques Mandela ? Le rapport blanc/noir ? L’Afrikaans? Mais Cronjé nous pose aussi pas mal de question sur notre voyage. En définitive nous sommes contents d’avoir une vraie discussion car nous avons parfois l’impression de rencontrer beaucoup de gens mais de ne pas pouvoir aller bien loin dans le dialogue. A l’heure du diner la cuisine de Ria nous plonge au cœur de la gastronomie typique sud-africaine. Nous découvrons l’existence du bebotie (hachis Parmentier qui cartonne), des koeksister (biscuits frits qui font grossir) et du rooibos tea (thé parfumé à quoi déjà ?), du biltong (saucisson séché) et des pannekoek (bon ça c’est des pancakes quoi). Deux en un : la gastronomie et l’Afrikaans pour les nuls… Efficace la soirée ! 

Photo de famille, beaux comme des sous neufs

Au matin nous ouvrons grand des yeux endormis sur un petit déjeuner royal préparé par notre Ria qui nous glisse même un pot de confiture d’abricot maison dans les sacoches. Nous quittons la ville le cœur léger. Malgré les dealers un peu fatigants et les policiers un peu trop zélés, nous garderons un doux souvenir de cette ville de Middleburg. Comme toujours il y a du bon et du moins bon partout ! Retour sur le bitume, nous ne sommes plus qu’à quelques bornes de notre point d’arrivée et ça commence à sentir le roussi pour Johannesburg. Dans quelques jours nous retrouvons nos familles pour quinze jours sans vélos. Il faut bien le dire un léger sentiment d’impatience commence à s’emparer de nous. Ca sent les vacances tout ça ! L’imminence de l’arrivée des proches cumulée à l’idée extravagante de ne plus faire de vélo pendant un moment nous fait paraitre plus longues ces dernières étapes. D’autant que ces derniers jours de vélos ne sont pas exactement ceux qu’on aime. Nous traversons d’immenses champs monotones sur de grandes routes où le trafic est de plus en plus dense. Les petites villes que nous croisons sont laides et transpirent les inégalités entre blancs et noirs. Nous visitons ainsi les bourgades d’Ogies (où nous dormons sur la pelouse de l’église), Delmas et Bapsfontein. 

Les vaches qui regardent passer les trains

Même les matins difficiles, ça aide à se lever..

A cela s’ajoute un sale vent de face qui se lève systématiquement dans le but de masquer un soleil revenu au plus fort de sa forme et qui menace à tout moment de nous transformer en tranches de biltong (mais si souvenez-vous c’est le saucisson desséché dont on a parlé chez Ria et Cronjé). Pour compléter le tableau nous nous découvrons un nouvel ennemi mortel : les camions. Déboulant à toute berzingue dans notre dos ces derniers font attention à nous comme à des chaussettes trouées au fond d’un placard. Ils rasent sans scrupules nos sacoches et provoquent au passage un trou d’air assez déstabilisant. Serions-nous devenus invisibles sur ces derniers kilomètres ?. Face à ces monstres sur roues nous comprenons vite que nous n’avons que deux solutions : plonger dans le bas-côté à leur arrivée ou finir écrasés comme les pannekoeks du dimanche. Petit à petit l’exaspération monte et nous finissons par insulter franchement nos oppresseurs (une question se pose alors, le bras d’honneur est-il universel ?). Côme hésite même à organiser la résistance en remplissant nos sacoches avant de cailloux que l’on jetterait sur les camions un peu trop agressifs (l’idée d’un poids supplémentaire aurait fait reculer nos valeureux maquisards). Bref tout ça pour dire que les camions c’est plus nos copains alors que l’inventeur du rétroviseur lui c’est un vrai pote. Ne noircissons cependant pas le tableau de ces derniers jours de vélos il y a quand même des trucs chouettes dans ces derniers 150km. Nous approchons à chaque tour de roue un peu plus de la fin de notre aventure africaine et nous avons l’impression de finir quelque chose tout de même. Et tout à coup nous voilà dans la ville de Bapsfontein à 50km de notre point de chute à Joburg (parce qu’on dit Joburg quand on a un peu de cachet). Nous passons notre dernière nuit sous la tente en Afrique dans le jardin d’un couple qui nous laisse gentiment squatter. Pour l’occasion nous débouchons une bouteille de vin sudafricain et nous savourons le plaisir de l’arrivée imminente (bon le vin était pas ouf mais bon comme diraient Côme et Vincent « l’étiquette était sympa »). 

2 châtelains, devant leur domaine


demi tour idiot, c'est là que ça se passe!

 Au lendemain de cette nuit d’ivresse (deux verres rendez-vous compte !) nous mettons le cap vers la banlieue de Johannesburg. Objectif le nord et la ville de Bryanston. Nous roulons bon train et pénétrons dans cette zone super-urbanisée. Vincent a les yeux sur le gps pour ne pas paumer ses camarades et l’équipée traverse d’abord Tembisa un township labyrinthique (rappelant les villes du Mozambique mais en grand) avant d’arriver à Bryanston quartier résidentiel blanc. Un grand écart impressionnant qui nous rappelle un trait essentiel de l’Afrique du Sud. Et nous voilà arrivés. Nous arrêtons nos montures devant la maison de la famille Dioré qui nous accueille avec de grands sourires alors que nous sommes sales comme des poux. Nous entrons dans la cour et posons nos montures contre un mur et voilà. Terminé le vélo en Afrique. Comme on l’a répété toute la journée «Alala ça fait quand même quelque chose »


Joburg vue du ciel, depuis la Top of Africa Tower!
Dans quelques jours nous serons en famille sur les routes sud-africaines, et vous autour du sapin à faire fonctionner cette guirlande lumineuse qui chaque année vous donne du fil à retordre ou encore à la caisse des magasins à régler vos achats de Noël de dernière minute (« Ah meerde, c’est vrai qu’il y a aussi cette vieille tante !... »). L’horizon collectif est aux festivités, les dindes se battent sur les étales, les coquilles d’huitres claquent, les lames découpent les bûches, les pétards des papillotes attendent d’exploser…. ça sent le sapin!! 

En attendant nous vous souhaitons à tous un joyeux Noël et une merveilleuse saint Sylvestre ! Changez pas, on adore ce que vous faites !

2 commentaires:

  1. Pour votre culture, le Biltong n'est pas du saucisson séché mais de la viande séchée et coupée en lamelle
    viande de Boeuf, de Kudu, d'antilope, autruche, springbok ... mais pas de cochon!!
    La viande est trempée dans du vinaigre avec des épices puis séchée à l'air libre
    Moi j'adore!!
    Faite confiance à un spécialiste des pays africains et des safaris Africains!!
    bises
    Philippe

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  2. On arriiiiiiive !
    Vs avez plein de choses à ns raconter sur vous, l'Afrique du Sud, ces semaines très spéciales de décembre, etc
    "South Africa, THE place to be" ... et on va y être!!
    quelle chance!
    vs ns mettrez d'autres photos de Joburg ?
    On vs embrasse
    les P

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