Pilgrim's rest - Johannesburg: La nation arc-en-ciel

Ca y est ! Nous sommes à Johannesburg ! Après près de 3700km notre périple africain touche à sa fin. Les derniers coups de pédales ont été donnés à travers Johannesburg et sa banlieue. A l’heure où nous écrivons ces lignes nous sommes propres comme des sous neufs, les pieds bien au chaud dans un bon lit et nous observons la pluie d’un n-ième monstrueux orage sud-africain tomber à travers la fenêtre. C’est donc bien évidemment l’occasion pour nous de revenir sur cette dernière semaine de voyage. Aux dernières nouvelles nous prenions l’eau dans le petit bled des chercheurs d’or de Pilgrim’s Rest. Les montagnes grisailleuses nous avaient usé les rotules et nous nous efforcions de faire sécher nos petits corps endoloris et nos sous-vêtements. Bref ce matin-là nous quittons Pilgrim et c’est avec plaisir que nous constatons qu’il ne pleut pas. Après quelques centaines de mètres nous entamons la montée du « Robbers pass », le col des voleurs. Ca grimpe sec sur les premiers lacets et les innombrables tartines de beurre de cacahuètes avalées au petit déj semblent peser des tonnes. Pour le coup, on l’a pas volé ! Une dizaine de kilomètres et autant de litres de sueur perdus plus tard nous atteignons le sommet. Et miracle ! Ces montagnes à qui nous faisons la cours depuis tant de jours se décident enfin à nous dévoiler leurs charmes. Les nuages s’écartent et nous laissent entrevoir un panorama magnifique. Les collines verdoyantes traversées par des barres de rochers nous rappellent notre Auvergne et contrastent avec un ciel enfin bleu azur. 



Il fait beau, Alex est heureux

Nous sommes un peu fatigués mais heureux et Alex surement rendu poète par le paysage nous déclare le regard perdu dans les montagnes « c’est joli le bruit de la nature quand même… ». S’ensuit la descente du col jusqu’à la ville de Lydenburg. Nous glissons sur cette route superbe avec un doux soleil qui nous réchauffe la couenne. Gros kif ! Et comme un bonheur n’arrive jamais seul à l’arrivée à Lydenburg un white farmer nous accoste et nous invite à passer la nuit chez lui. Nous sommes censés le retrouver quelques minutes plus tard devant un supermarché. Nous attendons donc 5, 10, 15, 20 minutes. Bé ou qu’il est ? 1h plus tard nous commençons à soupçonner un lapin. Seul Côme optimiste contre vents et marées propose des théories de plus en plus hardies « Non mais je suis sûr qu’il est allé chercher un camion pour nos vélos et puis qu’il a fait un détour pour acheter des bières et puis il doit lancer le barbecue ça prend du temps… ». Vexés nous finissons par quitter Lydenburg et plantons la tente dans un camping trois étoiles dans la cambrousse. Les employées séduites par la verve et le sourire légendaire d’Alex nous y accueillent en effet pour pas un rond. Au programme piscine couverte, barbecue de compét et douche chaude. 

LA Grande Echappée, pas trop à son avantage

Le marabou des saucisses!

Nous fonçons le lendemain vers la petite ville de Dullstroom perchées à 2000m d’altitude. Pas de col aujourd’hui mais une route qui vallonne comme une barre de Toblerone. Décidément même après 5000km de vélo, une montée reste une montée. Dullstroom est une charmante petite ville touristique point de départ de nombreuses randonnées. Il y fait bon vivre. De là nous surplombons le plateau du Gauteng sur lequel se niche Johannesburg à près de 1700m de haut. Le grand air nous fait du bien mais dès le lendemain nous sommes contraints de quitter ces montagnes pour mettre le cap droit sur Johannesburg. Nous redescendons vers le plateau et changeons de paysages. Des grands champs tout partout nous encerclent et nous traversons quelques villes sans charme (il faut bien dire que les villes sudafricaines ont rarement un charme fou).

La suée en haut du col, un classique


Côme, de retour dans le Game!

 Quelques 100km plus tard nous atterrissons à Middleburg un gros patelin dont l’intérêt principal semble la densité de fast-food au mètre carré. Nous y trainaillons dans le parc en centre-ville et faisons la connaissance d’une bonne partie des dealers du coin. Peu avant un policier bien mal embouché avait trouvé malin de procéder à l’interrogatoire et à la fouille complète d’un Côme qui attendait dans la rue ses compères partis aux courses. Bref la ville ne nous fait pas une impression folle et nous nous retranchons au McDo, dernier rempart contre la barbarie. Et comme toujours c’est à ce moment que nous faisons une rencontre qui nous fait changer d’avis et voir la vie du bon côté. Middleburg ne faisant pas exception à la règle nous découvrons Cronjé et Ria, un couple de sudaf sexagénaires qui nous propose son jardin pour y planter la tente. Cronjé ne manque d’ailleurs pas de nous rappeler que ces ancêtres d’il y a quelques centaines d’années étaient en partie français. Il faut bien s’entraider entre compatriotes ! Nous débarquons chez eux et de fil en aiguille nous glanons une douche chaude, un bon repas, et une place dans leur salon pour nos matelas. C’est aussi l’occasion pour nous de discuter un peu. Nous sommes bien contents de constater que nos hôtes ont envie de nous raconter plein de choses sur l’Afrique du Sud. Nous passons en revue les questions classiques Mandela ? Le rapport blanc/noir ? L’Afrikaans? Mais Cronjé nous pose aussi pas mal de question sur notre voyage. En définitive nous sommes contents d’avoir une vraie discussion car nous avons parfois l’impression de rencontrer beaucoup de gens mais de ne pas pouvoir aller bien loin dans le dialogue. A l’heure du diner la cuisine de Ria nous plonge au cœur de la gastronomie typique sud-africaine. Nous découvrons l’existence du bebotie (hachis Parmentier qui cartonne), des koeksister (biscuits frits qui font grossir) et du rooibos tea (thé parfumé à quoi déjà ?), du biltong (saucisson séché) et des pannekoek (bon ça c’est des pancakes quoi). Deux en un : la gastronomie et l’Afrikaans pour les nuls… Efficace la soirée ! 

Photo de famille, beaux comme des sous neufs

Au matin nous ouvrons grand des yeux endormis sur un petit déjeuner royal préparé par notre Ria qui nous glisse même un pot de confiture d’abricot maison dans les sacoches. Nous quittons la ville le cœur léger. Malgré les dealers un peu fatigants et les policiers un peu trop zélés, nous garderons un doux souvenir de cette ville de Middleburg. Comme toujours il y a du bon et du moins bon partout ! Retour sur le bitume, nous ne sommes plus qu’à quelques bornes de notre point d’arrivée et ça commence à sentir le roussi pour Johannesburg. Dans quelques jours nous retrouvons nos familles pour quinze jours sans vélos. Il faut bien le dire un léger sentiment d’impatience commence à s’emparer de nous. Ca sent les vacances tout ça ! L’imminence de l’arrivée des proches cumulée à l’idée extravagante de ne plus faire de vélo pendant un moment nous fait paraitre plus longues ces dernières étapes. D’autant que ces derniers jours de vélos ne sont pas exactement ceux qu’on aime. Nous traversons d’immenses champs monotones sur de grandes routes où le trafic est de plus en plus dense. Les petites villes que nous croisons sont laides et transpirent les inégalités entre blancs et noirs. Nous visitons ainsi les bourgades d’Ogies (où nous dormons sur la pelouse de l’église), Delmas et Bapsfontein. 

Les vaches qui regardent passer les trains

Même les matins difficiles, ça aide à se lever..

A cela s’ajoute un sale vent de face qui se lève systématiquement dans le but de masquer un soleil revenu au plus fort de sa forme et qui menace à tout moment de nous transformer en tranches de biltong (mais si souvenez-vous c’est le saucisson desséché dont on a parlé chez Ria et Cronjé). Pour compléter le tableau nous nous découvrons un nouvel ennemi mortel : les camions. Déboulant à toute berzingue dans notre dos ces derniers font attention à nous comme à des chaussettes trouées au fond d’un placard. Ils rasent sans scrupules nos sacoches et provoquent au passage un trou d’air assez déstabilisant. Serions-nous devenus invisibles sur ces derniers kilomètres ?. Face à ces monstres sur roues nous comprenons vite que nous n’avons que deux solutions : plonger dans le bas-côté à leur arrivée ou finir écrasés comme les pannekoeks du dimanche. Petit à petit l’exaspération monte et nous finissons par insulter franchement nos oppresseurs (une question se pose alors, le bras d’honneur est-il universel ?). Côme hésite même à organiser la résistance en remplissant nos sacoches avant de cailloux que l’on jetterait sur les camions un peu trop agressifs (l’idée d’un poids supplémentaire aurait fait reculer nos valeureux maquisards). Bref tout ça pour dire que les camions c’est plus nos copains alors que l’inventeur du rétroviseur lui c’est un vrai pote. Ne noircissons cependant pas le tableau de ces derniers jours de vélos il y a quand même des trucs chouettes dans ces derniers 150km. Nous approchons à chaque tour de roue un peu plus de la fin de notre aventure africaine et nous avons l’impression de finir quelque chose tout de même. Et tout à coup nous voilà dans la ville de Bapsfontein à 50km de notre point de chute à Joburg (parce qu’on dit Joburg quand on a un peu de cachet). Nous passons notre dernière nuit sous la tente en Afrique dans le jardin d’un couple qui nous laisse gentiment squatter. Pour l’occasion nous débouchons une bouteille de vin sudafricain et nous savourons le plaisir de l’arrivée imminente (bon le vin était pas ouf mais bon comme diraient Côme et Vincent « l’étiquette était sympa »). 

2 châtelains, devant leur domaine


demi tour idiot, c'est là que ça se passe!

 Au lendemain de cette nuit d’ivresse (deux verres rendez-vous compte !) nous mettons le cap vers la banlieue de Johannesburg. Objectif le nord et la ville de Bryanston. Nous roulons bon train et pénétrons dans cette zone super-urbanisée. Vincent a les yeux sur le gps pour ne pas paumer ses camarades et l’équipée traverse d’abord Tembisa un township labyrinthique (rappelant les villes du Mozambique mais en grand) avant d’arriver à Bryanston quartier résidentiel blanc. Un grand écart impressionnant qui nous rappelle un trait essentiel de l’Afrique du Sud. Et nous voilà arrivés. Nous arrêtons nos montures devant la maison de la famille Dioré qui nous accueille avec de grands sourires alors que nous sommes sales comme des poux. Nous entrons dans la cour et posons nos montures contre un mur et voilà. Terminé le vélo en Afrique. Comme on l’a répété toute la journée «Alala ça fait quand même quelque chose »


Joburg vue du ciel, depuis la Top of Africa Tower!
Dans quelques jours nous serons en famille sur les routes sud-africaines, et vous autour du sapin à faire fonctionner cette guirlande lumineuse qui chaque année vous donne du fil à retordre ou encore à la caisse des magasins à régler vos achats de Noël de dernière minute (« Ah meerde, c’est vrai qu’il y a aussi cette vieille tante !... »). L’horizon collectif est aux festivités, les dindes se battent sur les étales, les coquilles d’huitres claquent, les lames découpent les bûches, les pétards des papillotes attendent d’exploser…. ça sent le sapin!! 

En attendant nous vous souhaitons à tous un joyeux Noël et une merveilleuse saint Sylvestre ! Changez pas, on adore ce que vous faites !

Maputo - Pilgrim's Rest: à la découverte de l'Afrique du Sud

Aujourd’hui, il est 6h30 du matin en Afrique du Sud à Pilgrim’s Rest, perché à 1350 mètres d’altitude dans le brouillard. Nous sommes allongés dans une grande pièce vide sur nos matelas, autour de nous, nos vêtements sèchent, suspendus un peu n’importe où. Alex se réveille brusquement, lève la tête et au-dessus de lui découvre un flic en armes venu nous réveiller. Revenons sur ces derniers jours pour comprendre comment nous en sommes arrivés là.
Nous quittons Maputo la capitale mozambicaine un matin pluvieux et décidons d’emprunter une route secondaire pour éviter la N4 et les allers retour des camions sudaf’ approvisionnant le pays. Le GPS nous indique une route longeant ce grand axe. Nous y allons, sûrs de rien mais bien décidés à quitter le pays. Quelques kilomètres plus loin, la règle d’or du Mozambique se confirme, toute route secondaire indiquée sur la carte est soit inexistante, soit vraiment moisie. Nous voilà face au deuxième cas de figure. Nous entrons sur une piste boueuse au possible, nos vélos s’enfoncent et nous éclaboussent de cette boue ocre sur plusieurs kilomètres. Nos pompes sont hors d’état d’usage et une bonne couche de glaise recouvre nos montures rendues méconnaissables. Il faut nous rendre à l’évidence, nous ne pourrons jamais faire encore 100 km dans ce bourbier. Nous décidons de rejoindre un peu plus loin la N4 qui en fin de compte ne s’avère pas si encombrée. 
Chouette de la boue !

Nous voilà donc lancés, un bon vent presque dans le dos, jusqu’à Ressano Garcia, dernier village avant la frontière où nous prévoyons de passer la nuit. A l’arrivée nos compteurs affichent presque 120 km et nos vélos ont besoin d’une bonne toilette. Nous trouvons rapidement un bar restaurant de routiers où toute l’équipe nous accueille, remet à neuf nos vélos, nous offre la douche et nous trouvent un endroit couvert où passer la nuit dans l’arrière cours du restaurant. 


Nous pouvons nous endormir et rêver d’Afrique du Sud. A vrai dire nous ne savons pas bien à quoi nous attendre. La surprise du lendemain est totale. Nous nous réveillons vers 7h30 et rejoignons le poste frontière de Ressano Garcia. Nous découvrons ce dernier village qui semble complètement à l’abandon, comme si nous retournions au Nord du Mozambique, le Nord au T-shirt troué. La rue est crasseuse, les cases en taule semblent s’écrouler, de gros camions traversent en plein centre, rejetant d’épaisses fumées noires et le temps gris de ce matin n’est pas là pour embellir ce paysage. Arrivés à la frontière, une longue queue humaine attend pour faire tamponner son passeport, peut être deux heures d’attente.. Mais la chance nous sourit. Un militaire jovial s’approche de nous et nous demande de lui expliquer cet accoutrement, les vélos, tout ça tout ça. On s’exécute et balance notre traditionnel discours. -Quoi ?!! en vélo !? Accompagné d’un mime du pédalier drôlement réussi. 

-Ouioui
-En vélo ?!! toujours le même mime, un poil lourdingue.
-Euuuh… Oui..
-Venez avec moi ! 
Aahhh là d’accord ! Nous le suivons, passant devant toute la queue qui doit se demander qui nous sommes pour se voir ainsi privilégiés. Trois tampons et deux minutes plus tard nous sommes en Afrique du Sud sur une grande route asphaltée d’une propreté irréprochable. Autour de nous, nous retrouvons une agriculture de masse. D’immenses champs de bananes parfaitement rangés, des papayes et des citrons en allées rectilignes clôturés par des barbelés infranchissables. Rien que cela aurait presque suffit à nous convaincre que nous étions revenus en Europe. Mais le choc vient surtout en entrant dans Komatipoort  5 km plus loin. Autour de nous des pavillons bien entretenus devant lesquels sont garés de gros 4x4, des boutiques aux devantures accueillantes, des restaurants, des fast food, le portable de Côme indiquant la réception de plusieurs réseaux WiFi, et au bout de la rue principale, un grand centre commercial et un énorme supermarché ! Et toujours à 5 kilomètres de là, le village peut être le plus miteux et désolé que nous ayons vu au Mozambique… Avec ce mauvais temps qui nous suit nous avons tendance à penser que nous ne sommes plus en Afrique.


Un peu émus de retrouver nos habitudes alimentaires européennes nous passons un long moment à explorer ce supermarché et faire le plein pour les trois prochains repas. Nous retrouvons du jambon, du cheddar, des yaourts, du ketchup, des fruits et légumes à bas prix, de quoi retrouver nos pique-niques français. Et puis nous observons les clients. Beaucoup d’obèses se frayant un chemin entre les allées, s’offrant une bonne pause pour souffler un peu devant le rayon peannut butter. Des types à longues moustache, short chemise et chapeau beige se croyant encore en plein safari dans le Kruger Park au temps de la colonisation. Et pas mal de gars à la dégaine pas possible qui mériteraient vraiment un carton rouge. Globalement c’est vrai qu’on s’est un peu moqué mais il faut dire que nous ne sommes vraiment pas convaincus par le style des sudaf. Mais relativisons, heureusement qu’on a pas souvent de miroir à portée de main car il faut voir le look qu’on se tape certains jours..
Les retrouvailles faites avec notre chère « Europe », nous repartons sur cette belle route, à quelques kilomètres au sud du Kruger National Park, le plus grand parc animalier d’Afrique ! Et même ici (à l’extérieur du parc ) la vie semble bien tourner autour de toute une faune incroyable. Ainsi nous passons la crocodile river, la Buffalo river, croisons la Leopard Guest House ou encore la Impala banana farm. Le long de la route s’étendent des kilomètres de réserves de chasse privées : « Do not enter, presence of dangerous wild animals ». Autant dire que Alex et Vincent ont du mal à contenir l’émotion de Côme dans cet environnement. Et puis d’un coup nous apercevons dans les bois un groupe de Spring Box occupées à brouter tranquillement.
-Imagine un lion arrive et les déglingue ! sort Alex, avec une voix de chasseur de brousse.
Quelques kilomètres plus tard c’est un majestueux impala avec ses longues cornes en tire-bouchon qui détale sur le bord de la route, puis un groupe de singes capucins nous regarde, perchés sur une barrière. Malheureusement à chaque fois, le temps de sortir l’appareil photo, nos copains sont déjà loin. Mais nous vous prions de bien vouloir nous croire !
Celui là n'a pas échappé à notre objectif


 Nous voilà donc, terminant cette première étape sud-africaine, 75 km plus loin face à une station essence Total  accueillant les visiteurs par un « Bonjour » en bon français.  

-Vous ne trouvez pas que ça aurait du charme de camper ici pour notre première étape sudaf ?
-Allez on le tente !  (sans mauvais jeu de mots…)

Ainsi, autorisation en poche, nous nous retrouvons à planter la tente sur le parking d’une station Total. Le temps de diner et de ranger nos affaires et il se met à pleuvoir à nouveau. Nous nous réfugions sous nos tentes pour une nuit bien humide et pas très agréable. 
Un petit goût de France...


Le lendemain nous constatons notre avance sur notre point final Johannesburg et décidons d’aménager notre itinéraire afin de profiter plus de la région et de se faire quelques jours bien sportifs dans les montagnes. Ainsi nous prenons la route vallonnée qui nous emmène à Barberton, après 65km à grimper les hautes collines qui nous en séparaient. Les panoramas sont splendides, nous sommes presque seuls sur cette route mais le temps toujours gris gâche un peu la fête. Arrivés à Barberton, les jambes tendues et douloureuses nous nous écroulons en plein centre-ville pour faire la sieste. 

Pub Volvic

Nous sommes réveillés par le téléphone qui sonne pour nous apprendre la mort officielle de Mandela qui remue la terre entière depuis hier, et nous pourtant en Afrique du Sud n’étions au courant de presque rien. Nous apprenons aussi avec un certain soulagement que l’équipe de France tombe dans un groupe plutôt facile pour la coupe du monde : Equateur, Suisse, Honduras…  Alors nous sommes confiants (comme toujours avec les bleus), disons que ça nous guarrantie au moins 4 matchs à regarder au mois de Juin.

Boire ou conduire il faut choisir

Nous repartons pour quelques km puis tombons sur une église au milieu d’un beau jardin entouré de bâtiments de brique. Tout semble vide. Nous attendons la nuit, décidés à y planter la tente où à trouver quelqu’un pour nous ouvrir une salle. Vient alors Francesca, une petite dame d’une soixantaine d’année à l’accent d’Europe de l’Est. Francesca nous explique que nous sommes dans un centre d’accueil pour orphelins atteints du SIDA. Nous lui exposons notre requête habituelle et en quelques minutes elle nous ouvre une petite maison vide mais équipée d’une douche et de toilettes propres. Nous ne pouvions pas rêver mieux. Nous dormirons par terre mais tout ce confort et la gentillesse de notre hôte nous donne du courage pour affronter les dures étapes qui nous attendent.

Francesca's place

Le lendemain en effet, les 65 km jusqu’à White River à 1000 mètres d’altitude mettent nos jambes et notre souffle à rude épreuve. Nous commençons par quelques côtes, puis un col à 1300 vraiment raide avant d’arriver à Nelspruit pour le déjeuner. Et quel déjeuner ! Nous décidons de flamber et de nous offrir un Mcdo dont nous rêvions. En réalité petit excès, les Mcdo ici coûtent deux fois moins cher qu’en France. 

Frites Coca Sauce Africa


Nous repartons sous un fin crachin breton pour 20 km et deux longues côtes pour arriver cette fois sous une bonne pluie, à White River. Il faut se dépêcher de trouver un endroit pour dormir avant d’être trempés. Nous sonnons à quelques portes et très vite une petite famille accepte de nous prêter un bout de son jardin. Nous passons le portail, posons nos vélos, revenons vers nos hôtes. Mais tout le monde est rentré dans la maison et ne semble plus vouloir nous adresser la parole. Pourtant ils nous voient, attendant dans le froid abrités sous un toit devant la maison, eux jouant aux fléchettes à l’intérieur. Il n’est que 18h. Nous n’avons pas faim et il est trop tôt pour s’installer. Pendant presque deux heures ils nous laissent  poireauter dehors sans bouger. Seuls leurs deux enfants de moins de 10 ans viennent nous voir pour s’amuser un peu. Ça doit les faire marrer trois guignols sous la pluie, accueillis par des gens bizarres qui ne veulent pas leur parler. Puis trois personnes quittent la maison et passent devant nous sans même nous regarder. Nous comprenons qu’il s’agissait d’amis de la famille et que notre présence les gênait un peu. Puis dès leur départ tout le monde vient nous voir. Le père qui nous parle de pêche, sa femme qui se présente timidement, la grand-mère qui vient nous prendre 10 fois en photo pour mettre sur son Facebook et toujours les deux gamins surexcités qui nous tournent autour. Le père nous propose même de dormir dans le garage, au chaud. Nous n’en revenons pas, la situation s’est totalement renversée et cette famille que nous avions maudite se révèle bien sympathique.
Nous repartons le lendemain pour Sabie. 50 km d’une « piste noire » d’après une carte de cyclistes de la région que nous verrons plus tard. La route est un enchainement de grosses côtes, de faux plats, de petites descentes puis elle se termine par un col à plus de 1500 mètres avant de redescendre vers Sabie. Nous perdons tous nos repères. Parfois après une dure montée, nous repartons et croyons descendre, mais le compteur reste bloqué à 12 km/h. En fait c’est juste la côte qui est devenue moins raide, de quoi pêter un plomb ! Ce dernier col nous épuise. Nous arrivons en haut trempés, avec de quoi remplir une bonne bouteille d’un litre juste en essorant nos T-shirts qui dégoulinent. Vincent a même dû s’arrêter en pleine côte pour filer l’adresse de notre blog à un automobiliste impressionné.

 Arrivés à Sabie en début d’après-midi la récompense est de taille. Nous atterrissons dans un charmant petit village à l’allure un peu irlandaise, vivant du tourisme et des sports de plein air, où nous profitons d’un rare rayon de soleil pour déjeuner dans l’herbe. Puis nous nous installons à la terrasse d’un café pour retrouver une connexion à internet. La nuit tombant, il nous faut vite nous mettre en quête d’un lieu sûr où planter la tente. Après une recherche un peu plus longue dans les rues du village nous finissons par atterrir dans l’enceinte d’une Eglise protestante semblant vide. Une policière un peu trop bavarde nous propose d’appeler le pasteur pour obtenir une autorisation de camper. En 5 minutes il nous rejoint et dans un anglais à couper au couteau nous propose de nous ouvrir une salle de bain de la maison paroissiale, la salle de bain des femmes, elle est plus grande ! Car oui tout le monde ne parle pas parfaitement anglais en Afrique du sud mais surtout Afrikaans, un mélange de hollandais, allemand et anglais issu de la présence hollandaise de la première colonisation.  Alors notre homme nous avoue : 

-Quand je me mets à parler anglais ou à faire des maths, je deviens dangereux !

Comme il pleut encore et toujours, nous ne sortons pas les tentes et décidons d’investir les toilettes des filles, et,  un peu entassés nous nous endormons au pied de la cuvette.
Une journée à priori tranquille se profile le lendemain, visite de cascades, piscines naturelles et pique-nique dans l’herbe. Simplement lorsqu’il pleut toute la journée, qu’il y a un épais brouillard et des côtes jusqu’à 1700 mètres,  c’est plus la même limonade. 
Côme a 1780m above sea level, tricheur


Nous démarrons la journée par un arrêt à la chute d’eau de Sabie, à la sortie de la ville. Puis nous démarrons une longue ascension pour terminer dans la brume et les sapins, au milieu d’un décor mélange de Scandinavie, de Canada et d’Irlande, mais surtout pas d’Afrique.  Et puis de temps en temps, sorti de nulle part, sous la pluie, un babouin vient traverser la route alors qu’on commençait à s’attendre à voir passer des marmottes et des chamois, voire même à tomber de la neige. Passée cette longue montée nous atterrissons aux Mac Mac Falls, une chute d’eau de 65 mètres de haut plongeant dans une jungle épaisse qui nous ramène un peu en Afrique.  Nous enchainons ensuite sur les Mac Mac Pools, les fameuses piscines naturelles. 

-A quel moment ils se sont dit qu’en donnant un nom aussi naze à leurs cascades ils pourraient attirer des touristes ?! s’exprime ainsi l’un de nous, sans doute un peu aigri à cause du mauvais temps.
Aaah les Mac Mac Falls


En effet, notre déjeuner sur l’herbe, au bord de l’eau se transforme vite en un pique-nique humide à l’abri de la pluie, polaire et pantalon de sortie, en attendant que ça cesse. Pourtant l’endroit doit être magnifique au soleil, mais pour le moment c’est soupe à la grimace pour la Grande Echappée. Pour nous remonter le moral et nous redonner des forces pour la grimpette de l’après-midi, un groupe de sudafs nous offrent un peu de leur copieux  barbecue. Saucisses, bœuf grillé, haricots blancs à l’anglaise et pâte de maïs. Le sourire nous revient pour terminer cette étape. Sur les 25 km restants, nous grimpons presque tout le temps jusqu’à atteindre environ 1700 mètres avant de redescendre vers Pilgrim’s Rest. Il pleut des trombes, nous sommes trempés et gelés mais nous nous accrochons jusqu’à la dernière côte, la plus dure de toute. Pas trop long mais un enchainement de lacets parfois vraiment raides, de quoi nous achever avant l’arrivée. Et toujours les fesses qui nous font mal dans les montées. Nous ne savons pas bien pourquoi. D’un côté il n’est pas bien difficile d’imaginer qu’il est douloureux de se prendre une montagne dans les fesses !

La soupe à la grimace

Sur ces paroles poétiques nous arrivons juste avant la tombée de la nuit à Pilgrim’s Rest, un petit village d’anciens chercheurs d’or conservé en l’état, perché à 1300 mètres au cœur d’une vallée sans doute bien verte mais pour le moment  assez fantomatique dans cet épais brouillard. Nous recommençons notre quête d’un logement, rêvons d’un endroit chaud et sec pour faire sécher nos affaires et nous réchauffer, prendre une douche éventuellement. Presque tout est fermé ou vide, mais nous finissons par trouver une maison allumée. Une petite fille nous ouvre en souriant et appelle sa mère à qui nous expliquons la situation et demandons si nous pouvons occuper son garage cette nuit. Son mari arrive aussi. Elle lui explique notre demande.

- Alors il y en a un qui vient de Tanzanie, un autre de France, ils font du vélo, j’ai pas tout bien compris, mais en tout cas ils sont dans un sale état. Et moi je suis aussi une maman alors je ne vais pas les faire dormir dans le garage. Suivez-moi !

Là elle nous indique une pièce vide au chaud dans la maison, une douche chaude et une cuisine, tout ce dont nous rêvions. Elle s’excuse même de ne pas avoir mis de rideaux à la fenêtre, puis nous explique qu’elle ne sera pas là cette nuit. Elle travaille dans une épicerie dans le village mais rentre dormir à Sabie le soir en voiture. En revanche la pièce d’en face sera occupée par ses deux employées qui ne nous adressent pas même un sourire et resteront enfermées dans leur chambre.
Pilgrim sous un rayon de soleil

Nous nous installons puis profitons de la table et de la cuisine pour savourer un bon diner, puis nous nous endormons, épuisés, vers 22h. Et c’est ainsi qu’à 6h30 nous sommes réveillés par un policier qui nous demande de quitter la maison. Nous apprendrons ensuite sans vraiment comprendre, que les deux employées se seraient plaintes  du bruit et auraient fait appel  à ce flic le matin, pensant que nous étions censés partir à l’aube.. Finalement le policier, suite aux explications d’Alex et Vincent, repart sans rien demander. Côme lui, endormi profondément, comme d’habitude, n’a rien entendu.
Assez incompréhensible tout ça.. En tout cas la boucle est bouclée et Joburg approche à grands pas !
Cool Alex a trouvé 2 clés de Fort Boyard

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Entre Tofo et Maputo: les derniers km au Mozambique



   Le lendemain matin c’est lundi. Il parait que les requins baleine nous attendent. C’est donc avec pas mal d’aisance que nous sautons de nos lits superposés dès la première sonnerie de réveil. Il y a des jours comme ça où on n’a pas besoin de snoozer 15 fois. 1h plus tard, c’est avec café et thé (gratuit, c’est pour ça qu’on le précise) que l’on assiste au briefing pré-aventure. Notre commandant de bord est un petit mozambicain qui nous explique un peu ce que l’on peut potentiellement voir. Dauphins, raies mantas, tortues et bien sûr, le monstre marin : le requin baleine. Requin dans la façon qu’il a de se déplacer et pour sa morphologie (aileron et tout le bazar), baleine pour la taille, les plus gros pouvant atteindre les 13 mètres nous explique-t-il. On se réunit tous autour du zodiaque à moitié immergé sur la plage, on pousse, on se hisse péniblement à bord… Cette dernière partie est peut-être la plus rigolote de l’excursion, car des ressortissantes des Etats-Unis, représentant  fidèlement  leur pays font aussi parti de l’aventure. Autant vous dire que la manoeuvre n’est pas des plus aisées. Puis l’embarcation s’élance à l’assaut des vagues qui viennent s’éclater de front sur la proue du navire. « Oh chaval ! », « Damn it ! », « Ah la vache… ».  Et oui, Tofo c’est touristique et chacun s’exprime dans sa langue natale. Et c’est aussi un gros spot de surf ce qui explique que les vagues soient assez impressionnantes. Une fois atteint le large, le commandant de bord laisse le manche à son mousse puis grimpe sur sa chaise surélevé à la Roland Garros. Et c’est alors d’un air fier qu’il commence à scruter l’horizon. « Je crois qu’on peut lui faire confiance, il va bien faire son taf ! » affirme Alex pour essayer de détendre Côme. Effectivement, après 5 minutes d’observation très silencieuses durant  lesquelles la tension monte un peu comme dans les dents de la mer, le verdict tombe : « Whale Sharks on your left ! » crie le patron depuis son trône d’arbitre. Côme en repère un autre sur la droite et l’annonce à haute voix. Le patron qui doit sentir son autorité à bord un peu menacée rétorque immédiatement à Côme : « Tranquilo, Tranquilo ! » 
 
La chasse aux requins peut commencer...
    Les palmes enfilées et masques tubas autour du coup, nous attendons le Go de l’arbitre. Et c’est avec une pointe d’appréhension que nous plongeons dans le grand bain aux requins en direction de l’imposante masse sombre qui se déplace en surface. C’est l’euphorie à bord, les quelques 15 passagers agitent leurs palmes avec vigueur pour atteindre au plus vite la bête qui peut replonger dans les profondeurs d’un moment à l’autre. Nous avons de la chance, nos cuisses sont affutées pour l’occasion et nous arrivons les premiers près de Mobydick ! Le spectacle est grandiose et c’est avec encore des frissons que je vous conte la découverte. Il s’agit là d’un individu marin de près de 6 ou 7 mètres de longueur et d’une envergure à faire pâlir plus d’un requin blanc. Heureusement, notre ami se déplace lentement et ne peut donc pas réellement nous blesser dans les mouvements qu’il opère. 
 
Serein le mec !
    
Et puis sa gueule n’a rien à voir avec celle d’un tueur marin (sauf peut-être quand on a la malchance d’être un petit plancton). Il s’agit d’une énorme cavité d’environ 1 mètre de largeur et 50 centimètres de hauteur supplantée par les deux yeux du requin aux deux extrémités. Il n’y a pas de doute, la bête est amicale et nous décidons donc de nous rapprocher de cette splendeur. Le souffle nous manque un peu du fait de l’émotion et nous avons parfois du mal à suivre la course de la bête, surtout quand Côme la fait accélérer en lui mettant malencontreusement des coups de palmes. Nous remontons à bord une fois le spectacle terminé. Si certains passagers sont complètement anéantis par le mal de mer, la Grande Echappée et encore debout et rappelle le requin : on ne va pas laisser le rideau tomber si vite ! 
 
Que de la gueule ces requins baleine !

      On veut revoir ce poisson hors norme, cette masse flanquée d’ailerons à faire frissonner, ce corps gigantesque tacheté de blancs. Ce sera chose faite avec un nouvel individu encore plus gros que le précédent. Cette fois-ci on n’hésite plus à venir chatouiller le monstre et à passer à quelques centimètres de sa gueule grande ouverte ! Pour les dauphins et autres espèces marines, il faudra revenir l’année prochaine car c’est choux blanc. Mais l’essentiel est là, ce n’est pas le genre de  spectacle que l’on voit deux fois dans sa vie et c’est des étoiles plein les yeux que nous quittons Tofo, enchantés…
 
La nuit tombe sur Tofo, il faut prendre la route !

     Il est déjà tard et pour respecter le programme, nous devons donc rouler de nuit sur une petite distance de 42km. Nous transformons nos bicyclettes en sapin de Noel (la sécurité avant tout) et on ressort même le gilet jaune laissé au fond d’une sacoche depuis  l’Europe. L’exercice ne manque pas de charme. Il y a peu de trafic et le ciel est très étoilé. Il fait frais, nous sommes bien et nous roulons bon train. A 21h, nous voilà arrivé à la ville de Cumbana Nous trouvons un édifice éclairé semblant abandonné, le spot est parfait pour une arrivée de nuit et c’est avec entrain et appétit que nous attaquons notre pique-nique sur la terrasse. Le lendemain, nous engloutissons les 100km qui nous séparent de la ville de Quissico. Rien de particulier à noter à part des dizaines et dizaines d’échoppes identiques de Piri-Piri (sauce pimenté locale) sur le long de la route qui nous font faire deux commentaires : 1) «Pourquoi se mettent-ils tous au même endroit ?  Ils ont tout de même un peu de mal avec le business parfois » 2) « Bon bin là il y a de quoi donner la chiasse à la Grande Echappée pendant au moins 50 ans ». En vrac, on passe aussi devant un très beau lac et on remarque que des gros convois militaires sont envoyés au Nord. La situation ne doit pas s’arranger…
 
Euhhh, une marre !?
    Le soir à Quissico, nous faisons la connaissance de Taylor, une jeune Américaine qui est « Volunteer » au Mozambique depuis 2 ans. Elle est envoyée par un organisme Américain pour faire de la prévention médicale tout comme Taka était envoyé par une ONG Japonaise pour faire de la formation en agriculture.  Elle nous accueille dans sa modeste demeure et nous parle de sa vie ici à Quissico. Nous faisons aussi la rencontre d’une de ses amies allemandes, arrivée depuis peu… pour faire quoi ?! Et bien pour être volunteer bien sûr. Oui, dans cette région du Mozambique, c’est à la mode.
 
Quissico(co) ?! Hihi
    Le lendemain, nous parcourons une soixantaine de kilomètres le matin et nous faisons la pause dans un bled perdu où l’on se fait cuisiner des pates dont la saveur restera dans les annales ! Il y a des jours comme ça où des petits kiffes sortent de nulle part. Si la veille, c’était le jour du Piri-Piri, aujourd’hui, c’est le business des noix de cajou qui a le vent en poupe sur la route N1. Les sachets sont accrochés aux branches des arbres. Pratique pour une attrapée à la volée mais il ne faut pas oublier de payer. Le Mozambique est l’un des premiers exportateurs de noix de cajou mais bizarrement celles-ci restent chères sur le marché local. Ah mystérieux Mozambique… ! 
 
Alex, pas de betises, elle te surveille...!
   L’après-midi nous entrons dans la province de GAZA (et ouai après SOFALA, nous, on fait GAZA on n’est pas des rigolos !) Bin non c’est une blague ! Ahah. A Gaza version Mozambique, il n’y a rien à craindre. A part peut être les moustiques. Nous en faisons l’expérience le soir venu à Chidenguele, alors que nous dormons dans la sacristie d’une Eglise attenante à un couvent construit par des chinois. Whaaat ? Vous êtes perdus ? Ouai, je comprends. En fait, il s’agit d’un ancien camp de base d’une grande entreprise chinoise de BTP. A leur départ, ils ont laissé les maisonnettes à l’abandon. Le père Enrique a saisi l’opportunité et paf, un couvent ! Bon bref, je me suis un peu égaré. On en était aux moustiques. Donc le soir, Côme se mate tranquillement un bon gros Jason Bourne sur le PC, Alex s’entretient téléphoniquement avec sa chérie aux abords de la sacristie et Vincent  décide de se coucher tôt ! Bin pour la grosse nuit de sommeil, il faudra repasser, ce soir c’est Mosquito Party !
 
   Le lendemain matin Vincent fait la tronche. Certains auraient même entendu un « Quel pays de M***E ! » sortir de sa bouche au cours de la nuit. Il se remettra sur la route pour Xai-Xai (non non nous n’avons pas atterri en Chine, il faut prononcer Chai-Chai). A Xai-Xai, on redécouvre l’agitation d’une grosse ville. Et même pour la première fois depuis Dar Es Salam : des embouteillages. Mieux encore ! Sorti de nulle part surgit un KFC. On parle bien du KFC Ketchup Frites Chicken qu’on a en France ? Ouai c’est le même ! Premier Fast Food rencontré en Afrique. Alex a les larmes aux yeux même s’il aurait préféré voir un McDo. Hélas ici, ce n’est pas le truc que tu fais en mode détente avec tes potes. Le KFC à Xai-Xai ça ne blague pas du tout. T’y rentre que si t’es sapé. C’est un peu leur Tour d’argent locale (c’est méchant ! mais un peu vrai.) Alex y pénètre pour voir les prix (et secrètement, pour s’émouvoir un peu plus) et ressort déçu. « C’est hors budget ! ». Ensuite nous reprenons la route et traversons le fleuve Limpopo. A cette occasion, nous roulons sur une dizaine de kilomètres entourés d’étendues verdoyantes. Le ciel est couvert, on se croirait presque en Bretagne ; en  tout cas pas en Afrique. Ici, tout semble très humide et à voir les grandes flaques d’eau qui jonchent le bord des routes,  on n’a pas trop de mal à s’imaginer les grandes inondations qui ont dévasté la ville de Xai-Xai en 2012.   
 
Macho Macho meeeeeen !
   Le soir, on dort dans un bar à Chissano. Il y a de l’électricité et du coup ça part en séance tondeuse électrique. Alex, lassé de se mettre tout le temps de la mayo dans la barbe décide d’en finir. Il sort des sanitaires avec une moustache à la Starsky et Hutch et déclenche un bon gros fou rire chez ses camarades. « Bah quoi faut bien garder une touche de fun ». Mouai  en vrai, il y a moyen qu’il se trouve un peu beau gosse avec sa nouvelle moustache. Ça se moque pas mal en tout cas. Mais Vincent se laisse lui aussi tenter et part dans un délire Rouflaquettes Stachemou de compétition. Et là, la team des Village People commence vraiment à prendre forme.
 
   Vendredi matin, nous prenons la route de bonne heure. Aujourd’hui commence le week-end. Nous voulons être à Bilene pour le déjeuner. Il ne faut pas traîner, 66km nous en sépare. Sur la route, rien de particulier à part peut-être la rencontre d’un petit caméléon. Malgré une technique de camouflage bien au point, la bête se fait assez vite repérer par Côme qui stoppe tout de suite son vélo au bord de la route. Il s’en suit une pause vélo un peu plus fun que les autres avec notre nouveau copain : séance photos sur guidon, sacoches, rétroviseur et j’en passe où le copain nous en fait voir de toutes les couleurs, interview (bah qu’est-ce que tu fais là toi ? Oui, Côme parle aux animaux !). La petite bête est mignonne et Alex et Vincent ont bien du mal à expliquer à Côme qu’un tour du monde à vélo, ce n’est pas le rêve du commun des mortels des caméléons. Cette petite péripétie passée, nous reprenons la route pour Bilene. Elle est d’ailleurs bien monotone cette route, mais le paradis est au bout du guidon.
Pas hyper bien planque le copain  

   12h arrivée de la Grande Echappée à Bilene. Nous installons notre QG au Palmeira Complexe, un petit Beach Resort avec plage privée ! Et ouai on s’en fait pas nous ! C’est chic mais le hic c’est que nous on ne prend pas de bungalows (trop cher). On se contente du perron d’un bungalow inoccupé. Ça aurait pu être cool mais l’endroit est infesté de moustiques (et oui encore !) ce qui nous vaudra deux nuitées peu agréables (cf. description du Mosquito’s Spot Surfing plus bas). En attendant, on profite bien de nos journées entre siestes sur notre plage privée, baignades dans le lagon et gros diner barbecue où nous nous cuisinons de belles crevettes et de grosses patates. L’endroit est paradisiaque, une plage de sable fin bordant un lagon très calme et très bleu,  nous protégeant de puissantes vagues que l’on entend se briser au loin sur la cote. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. 
 
La nuit tombe sur Bilene Beach, le debut du match approche

   Sauf quand la nuit tombe. Là, des hordes de moustiques passent à l’attaque. La première nuit, nous trouvons la parade en dormant sur la plage. En effet, il y a plus de vent et les petits gringalets de moustiques ne parviennent pas à maintenir leur vol stationnaire. Mais la deuxième nuit lorsque l’orage se mêle à la partie ça devient très compliqué. Et c’est alors que l’on peut parler de Mosquito’s Spot Surfing, un sport original et méconnu inventé par la Grande Echappée que nous avons décidé de vous présenter dans ce post. Comment jouer ? Mauvaise question ! Ce sport ne se joue pas, il se subit. Ce n’est donc pas vraiment un sport me direz-vous ! Si car il en présente pas mal d’attributs. Au début de la nuit, plusieurs joueurs entrent sur le terrain, insouciants et plein d’espoir pour la nuit... Ils disposent chacun des accessoires de base suivants : tapis de sol, oreillers, spray anti-moustiques (1 pour 3), vêtements pour se protéger du froid. Jusque-là tout va bien, ils ne savent pas encore qu’ils vont en chier, qu’ils vont entrer dans le Game  sans le vouloir. C’est alors qu’intervient l’ennemi, le fléau, la galère, le tue-sommeil,  appelez-le comme vous voulez : les moustiques. Les adeptes de ce sport se comprennent entre eux en les nommant simplement « Ils ». Enoncer à haute voix leur nom porte malheur.  Le match est alors lancé. Le but est de passer la nuit la moins merdique possible. Dans ce sport, il n’y a pas vraiment de gagnant mais seulement des « moins perdants ». Il s’agit de se protéger un maximum, de se couvrir et de laisser découvert le moins de partie de peau possible. Ou si peau découverte il y a celle-ci doit être minutieusement protégée. Mais attention, l’équipe ne dispose que d’un répulsif pour trois ce qui ajoute une part importante de stratégie à la discipline (vous allez comprendre). Côme et Vincent commencent le match sur la plage mais doivent rejoindre vers minuit Alex qui avait lui choisi un spot abrité de la pluie. L’orage fait donc marquer  un point à Alex. Mais bientôt le spot abrité de la pluie subit une vilaine attaque rangée d’escadrons de moustiques bien décidés à en découdre. Vincent craque le premier et retourne sur la plage humide et ce, sans répulsif car la règle du jeu veut que le produit reste entre les mains de la majorité.   
 
Bivouac forcé pour la Grande Echappée


   Alex se réveille quelques minutes plus tard et décide de rejoindre Vincent pour tenter une alliance. Cette fois-ci avec  le spray anti-moustique : habile ! Vincent et Alex, tapis de sol gonflé à bloc mais moral déjà dans les chaussettes se croisent à 1h du mat’ au milieu du terrain de jeu. Verdict de Vincent : « Mec, il n’y a pas d’issue, on est foutus, trop de vent sur la plage ». Gros fou rire nerveux qui ne cache que partiellement la détresse des deux « Surfers ». Fin de la nuit sur la plage malgré un vent force 4. Au petit matin (5h du mat), on compte les points. Côme s’est sans doute bien battu dans son sommeil mais dans la réalité, dans le match le vrai,  il a fait une piètre performance: une belle piqure sur la bouche et peu de sommeil. Alex et Vincent eux n’ont pas très faim au petit-déj, ils ont bouffé du sable toute la nuit mais ils s’en sortent sans trop de piqures. Difficile à départager donc. Dans ce cas de figure, la fédération du Mosquito’s Spot Surfing veut que l’on attende une semaine ou deux pour voir qui a choppé le palu. Et à ce jeu-là, l’histoire montre que Côme n’est pas souvent gagnant…
 
 
Combattant en fin de match...
 
Le Spot de base...
   La Grande Echappée adresse toutes ses excuses à ses lecteurs pour cet intermède imprévu mais raconter, ça soulage ! Le lendemain matin ça a beau être dimanche : pas de grasse mat’. Mais beaucoup mieux que ça, 105km à parcourir à vélo pour rejoindre la ville de Maniçha. Youpi, on a trop bien dormi, on pete la forme, on a trop envie ! Bon bref, pas grand-chose à raconter. On parle peu, on mange un gros poulet riz et on fait deux siestes chacun. Le soir, dodo de bonne heure, cette fois-ci dans une vraie chambre avec même des vrais lits ! Enfin, 2 pour 3 quoi, on s’embourgeoise pas non plus comme ça du jour au lendemain. Puis c’est lundi et aujourd’hui est un grand jour, après quelques 2500km à vélo au Mozambique, nous allons enfin atteindre la capitale Maputo, point final de nos aventures en terre Mozambicaine. Pressés, excités et reposés, nous effaçons les 90km qui nous en séparent d’une seule traite. 
 
Alex et son nouveau pote...
   Le trafic s’intensifie, beaucoup de  bruit, de  monde, une banlieue qui n’en finit pas.... L’arrivée dans cette grande capitale africaine nous impressionne et nous réjouit. Il y a même des supermarchés et non pas 1 mais 2 KFC ! Ouaaaah ! Alex est sur le point de craquer. Côme lui repère un marchand de glace : « Ohhh, il y a grave des parfums ! » C’est finalement dans un Take Away lambda que nous prenons place pour nous sustenter. Très bon choix : le patron indien qui apprécie que 3 loulous achevant la traverser du Mozambique à bicyclette atterrissent dans son « resto » nous offre le déjeuner ! Notre séjour à Maputo s’annonce plutôt bien ! 

Vendeur de balais a Maputo
Deux manches de l'orientation perdus dans la capitale
Quand on arrive en ville...